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“LE BEAU SOURIRE DE MA GRAND-MERE ME RAPPELLE ENCORE LES SOUVENIRS DE MES QUINZE ANS”.

Yves Honoré

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N otre série d’entretiens et de réflexions se poursuit encore de façon très manifeste, avec autant d’enthousiasme que de courage. Lascahobas info n’est, ne sera jamais une chapelle privée, mais un canal de communication disponible à vous tous, Lascahobassiens Progressistes, qui voudriez véhiculer vos idées, vos sentiments; émettre des opinions, lancer des critiques positives; pour aller de l’avant. Ainsi, Mr Yves Honoré, un passionné pour Lascahobas résidant à Boston, l’un de nos plus grands supporters, nous a présenté, lors d’un bref passage à New-York, certaines de ses expériences qu’il a accumulées à Lascahobas


S.D - Mr Yves, vous et moi, nous ne sommes pas d’une même génération. Il va sans dire qu’il y a des moments dans votre vie que je ne connais pas. Etes-vous né à Lascahobas, y avez-vous grandi, fait vos études primaires; raccontez nous un peu?


Y.H - Sévère, je veux, tout d’abord, vous remercier pour avoir l’occasion de parler un peu de ce que j’ai vécu, expérimenté dans mon village: Lascahobas. Je crois que beaucoup de lascahobassiens me connaissent, bien que j’aie quitté le pays bien longtemps déjà. Je suis Yves Honoré, fils de Raynold Honoré et de Paula Isnady. Oui, je suis né à Lascahobas, mais je n’y ai pas vécu mon enfance. Ma mère a dû migrer vers Port-au-Prince tout de suite après ma naissance. C’est à partir de mes quinze ans que j’ai commencé à vivre mes vacances à Lascahobas. J’étais vraiment séduit par les beautés de l’environnement naturel, l’hospitalité des gens et la sincérité des amitiés. Je me souviens toujours de mes premiers amis: Makly Jouthe; Gary Morette; Roland Ledin; Emmanuel Noisette et Dumas Dubuisson. Ensuite, Sevère, j’étais toujours chez ma grand-mère -“Madan Coriélan” dont le beau sourire me rappelle encore les souvenirs de mes quinze ans.


S.D - Yves, je peux sentir que vous avez gardé force souvenirs des moments que vous aviez menés avec vos premiers amis, à Lascahobas. Qu’est-ce qui vous avait maintenus plus près les uns des autres?


Y.H - J’ai gardé deux grands souvenirs de mes premiers moments à Lascahobas. Premièrement, mes amis et moi, nous avions eu la coutume d’aller dans les zones avoisinantes, à la recherche de fruits mûres, pour ensuite aller nous amuser à la rivière, “Laskawòb.” De plus, le foot-ball jouait un rôle vraiment prépondérant au niveau de la formation des groupes amicaux à Lascahobas, à cette époque. Il faut vous dire, Sévère, que j’ai été chez les frêres salésiens où je jouais le foot-ball à longueur de journée. Mes amis à Lascahobas étaient très passionés de Foot-ball. Donc, quand j’étais à Lascahobas, je jouais aussi avec eux sur la cour du bureau des contributions, dans la rue, en face de la caserne.


S.D - Et la cour de la caserne,Yves, vous aviez été interdits de jouer là-dessus?


Y.H - Je dois vous dire que le temps de mon adolescence est très différent du vôtre, Sévère. Le culte de la personnalité était on ne peut plus exagéré au sein de certaines institutions, en particulier les anciennes forces armées haitiennes. Le totalitarisme de Duvalier était à son âge d’or, vous vous imaginez.. Il se trouve que la sécurité du régime à Lascahobas était assurée par un “lieutenant”, communément appelé Luc Nelson ayant une réputation de bourreau. Donc, il était quasi impossible de nous servir de la cour de la caserne.


S.D - A mes dix ans, Yves, j’étais toujours à l’église pour des leçons de catéchisme, je me rappelle que vous saviez l’utiliser?


Y.H - Vous n’avez pas menti. Mais, ce n’était que des années après le départ de Nelson. La pratique du Foot-ball sur la cour de la Caserne, je peux dire a coïncidé avec les premiers moments de Roland Chavanne à Lascahobas. Le lieutenant qui a succédé à Nelson. Il est un homme très sympathique qui ne s’était pas même pris pour un chef. Il nous a embrassés et ensemble nous avons fait reculer l’horizon du foot-ball. Il était aussi un grand foot-balleur originaire du Cap-Haitien. C’est avec lui que nous avons organisé notre premier championnat. Donc, de la cour du bureau des contributions; de la rue et de la cour de la caserne, nous sommes passés au terrain d’au bas du cimetière qui n’était ou n’est réellement pas soumis aux règlements généraux du sport- roi.


S.D - Mr Yves, quelles sont vos plus marquantes expériences à Lascahobas?


Y.H - Mon cher, Sévère, j’ai vécu, pour ainsi dire, deux expériences très marquantes à Lascahobas: mon passage au “Prestige Athlétique Club” et “L’affaire du commandant Nelson”. J’aime à croire que bon nombre de lascahobassiens se souviennent de Prestige, club inspirant l’admiration, la considération, club du respect de soi, ayant été créé en 1975 par des jeunes étudiants comme: Fritz Gélin; Ronald Sigué; Jean St Preux; Yvon Vernet; Cliford Pollas; Kens Dubuisson, Patrick Tertulien, Jothson Prevost, Yvon Bonnet, Lucien Dolce (ti Lucien), Pedro Damas, Peditan, Kens Honoré, Fedem, David Marseille, Louidor et bien d’autres encore. Au moment de la création du club, j’étais à Port-au-Prince. J’en étais informé par le biais de Maitre Maurice Délile qui fut alors mon professeur d’histoire au lycée “Antenor Firmin” où je participais à un championnat “Inter-classe. ”C’est lui qui m’avait tenu au courant de l’échec que le club venait d’essuyer au dernier championnat d’été en ayant occupé la dernière place du tableau. Il m’a encouragé à offrir mon service, finalement, j’en suis devenu un menbre très actif. Je dois vous avouer très sincèrement que ma présence au club avait transformé toutes les montagnes en plaines. Nous avons remporté le championnat d’été de l’année 1976, avec une équipe de foot-ball très dynamique et courageuse. Prestige ne doit pas être considéré comme une simple équipe de foot-ball, mais comme un club culturel. Car, en plus du sport, nous avions su aussi organiser des bals pour faire danser la population; des concours de danses et de beautés pour faire connaitre des jeunes artistes. Je crois que je porte encore quelque part dans mon âme le sceau du Prestige Athlétique Club , et de Maitre Dieujuste Désir qui nous avait présidés avec tant de compétence.


S.D - Et l’affaire du commandant Nelson?


Y.H - Comme je vous ai dit au départ, c’est une très mauvaise expérience tant pour moi que pour mes amis. Vous savez Sévère que quand on est adolescent, on a toujours l’esprit surchauffé. Tel était le cas. Il se trouve que dans mes quinze ans, il y avait eu à Lascahobas un groupe de jeunes filles que je ne veux pas nommer, qui étaient très liées les unes aux autres. Elles faisaient partie à l’époque de la chorale de l’église. Elles célébraient les messes, un tas de choses... Alors, elles étaient à l’église, tous les après-midi, pour des séances de répétition. Nous autres, mes amis et moi, avions développé la mauvaise habitude de les ennuyer, leur donner de surnoms susceptibles, dit-on, de porter atteinte à leur dignité. Pour nous, il s’agissait d’une manière de nous amuser. Un beau jour ces jeunes filles ont porté plaintes contre nous par devant le lieutenant. Nombre d’entre nous avaient été arrêtés et même battus à la caserne. Makly Jouthe et moi n’y avons pas été battus, car nos parents ont dû réagir très énergiquement à cette décision. Nous avions été, toutefois, ramenés à l’ordre dans la plus stricte discrétion familiale.


S.D - Je me rappelle,Yves, que vous étiez le leader d’un groupe musical, nommé BAH - BAND fondé au milieu des années 80, par père André Hilaire. Voulez-vous nous en parler?


Y.H - Vous me faites venir à l’esprit les souvenirs d’une très grande époque que j’ai vécue encore à Lascahobas. En 1983, j’ai été invité par Maitre Dieujuste Désir, directeur d’un centre secondaire d’alors, à venir lui secourir dans l’enseignement de l’anglais, après que j’aie décroché un diplôme à l’institut haitiano-américain. J’ai accepté cette offre comme une nouvelle porte qui m’est ouverte pour être encore utile à mon village. J’ai enseillé cette langue dans presque toutes les classes secondaires. J’étais, constammement, à Lascahobas, en ces temps-là. Ce qui a permis à Boss André de me rencontrer pour poser la question du groupe musical. Il fut un lascahobassien très progressiste, un âgé ayant eu un esprit jeune. Il voulait offrir de l’ambiance à notre communauté, qui à l’époque ne disposait de presque de rien dans le domaine de l’animation. Il était au courant du fait que j’avais performé pendant des années au sein du groupe-SHLEU-SHLEU-, donc il m’a confié la responsabilité d’initier le processus. Nous avons démarré timidement avec des jeunes musiciens tels que:Andral Fortuné (Tidou) à la basse; Jean Claude Sigué (Ti Gagit) chanteur; Boos Bénite, Chanteur; Gabriel St Jean, gonguiste; Romny Florestal, guitare ; Zout, tambour et moi, J’étais band leader, à la batterie. Nous avons commencé à produire chez Mr Alfred Sinéus.


S.D - Au départ ça n’allait pas du tout bien pour vous, mais quelques mois après, il y avait eu un changement très prononcé, le groupe était devenu très connu dans tout le bas plateau. Vous aviez eu une baguette magique, Yves?


Y.H - Sévère, cette question a de la saveur. Ce n’était pas une baguette magique, mais de la solidarité. Ecoutez bien: quand Boss André avait pris l’initiative, il n’avait que $ 250 dollars dans une marmite qu’il a tirée en ma présence d’un coin de sa chambre, en me disant: “ Yves, c’est ce que je peux vous donner”. Donc, nous avons dû nous contenter de ce que nous avions eu. Au mois de décembre 1983 ou au mois de Mars 1984, je ne me souviens pas au juste, Mr St Murat Riché qui était en Séjour, en Haiti, avait beaucoup apprécié notre façon de jouer, notre potentialité. Quelques mois après son retour, aux Etats Unis, nous avons reçu beaucoup d’instruments et d’équipements. A partir de là, nous avons changé notre fusil d’épaule. Nous avions du sang neuf: Napoléon Lucas (Ti Ponson) à la batterie suppléé par Wilcain Noel; Andral Fortuné (Ti Bass); François Hilaire, au piano; Zout, au tambour; Lucien Pierre (Ti Lucien) gonguiste suppléé par Gabriel St Jean; Roro Florestal, guitare rythmique; Romny Florestal, guitare solo; Gréhame Mead, Boss Bénite; Ti Gagit et moi chanteurs. Beaucoup de ces musiciens produisent encore dans le monde du compas haitien: Gréhame Mead qui a sorti plusieurs CD et nous avons Romny Florestal (el Poso) du groupe Zenglen, l’un des meilleurs solistes du moment. .


S.D - C’est vous qui avez choisi ce nom: BAH BAND,quelle est sa Definition?


Y.H - Oui, c’est moi qui ai choisi ce nom, justement pour encourager Mr Hilaire dans son esprit de jeunesse et d’initiative. Sa définition: nous avons B pour Boss, A pour André et H pour Hilaire:Boss André Hilaire Band.


S.D - Lascahobas a un nouveau groupe musical du nom de COCAD, “compas de classe” ayant deux chansons qui font la pluie et le beau temps à travers notre communauté, je pense que vous les avez déjà entendues. Quels sont vos impressions et mots d’encouragement?


Y.H - Je peux prendre la liberté de dire que COCAD est en passe de présenter un grand défi aux meilleurs connaisseurs du compas. Si après seulement sept mois d’existence le groupe a déjà atteint ce niveau, je dois à ces jeunes musiciens toutes mes félicitations et tous mes respects Je dois aussi lancer un appel aux lascahobassiens de l’intérieur et de l’extérieur: COCAD, a besoin de vos supports moral, psychologique et financier. Les jeunes font preuve de beaucoup de potentialité, nous devons les encourager. Nous devons continuer l’oeuvre de St Murat ayant tenu une main très secourable au groupe BAH-BAND dans une impasse, de Madame Frantz Olivier qui était,de bon gré, toujours présente avec toute sa famille aux festivités du groupe.Nous sommes obligés d’apprendre qu’une société ne se fait pas uniquement d’entités matériels, il faut aussi prendre en charge les relations réciproques qui existent entre ses membres. Avant de finir, Sévère, je voudrais souhaiter à tous mes compatriotes: “BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2007: QUE CETTE ANNEE SOIT UN BERCEAU POUR LA PAIX, LA PROSPERITE, ET LA FRANCHE COMMUNICATION.”

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