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Papadocratie, Lavalassocratie, Médiocratie


Papadocratie, Lavalassocratie, Médiocratie

Par Frantz Villaire.
Jérémie, Haiti 5 Mai 2009

Le cas de l’UEH

«Etre roi est idiot ; ce qui compte c'est de faire un royaume.» André Malraux


L’état de médiocrité ou d’idiotie dans lequel nous sommes plongés n’est pas le fruit du hasard. Une seule Université d’Etat pour 205 ans d’histoire est une dégradation historique, une honte internationale, un avilissement pour le nègre que nous sommes en cantonnant toujours : « Se pa fòt nou ».


Qui s’excuse s’accuse ! L’unique université d’état comprend des facultés éparpillées comme de petites parcelles sans une structure organisationnelle, de petites boutiques, des bric-à-brac maisons d’affaires en veux-tu en voilà, des champignons qu’on a fait grandir de peur de ne pas éclater un régime moribond en 1961. Ironiquement, certains les dénomment: les onze (11) caciquats. Les pédagogues de l’UEH, au niveau du Décanat, Rectorat, Professorat munis de doctorats ou masters ont vu la différence en Europe, en Amérique, et j’en passe. Ces pauvres (professeurs à plein temps, enseignants-suppléants) qui subissent les conséquences d’un Etat médiocre suite à deux régimes sous-développementistes, quand ils vont chez eux pour dormir ils diront à leurs conjoints ou à leurs enfants: « ça, ce n’est pas comme ça, j’ai vu mieux ailleurs, franchement, c’est de la merde. Mon fils ou ma fille, où veux-tu étudier après le Bac ? » Papa, plus prêt de toi, à Saint-Domingue où il y a plus de 20,000 ressortissants haïtiens dans les universités dominicaines. D’ailleurs, aucun des enfants des hommes d’Etat n’effectue leurs études universitaires en Haïti. A commencer par l’actuel Président lui-même et la liste est longue!


A la Faculté des Sciences Humaines de l’UEH, j’ai rencontré de brillants condisciples qui sont capables de se mesurer à n’importe quel sorbonnard malgré les limites académiques d’Haïti. J’ai vu d’autres qui ont eu certaines lacunes ont eu aussi la volonté de faire des efforts, tout comme d’autres qui étaient là par la force des choses. La culture de l’excellence ne leur disait rien. Ils n’étaient pas conscients de leur médiocrité. On imagine déjà si cette dernière catégorie devient un parlementaire, il ne prendra pas le temps de passer des heures pour bien polir, repolir son ouvrage vingt fois, l’examiner avant de publier un texte de portée historique. Ca vaut bien la peine d’être impopulaire dans ma position face à des moutons de panurges qui ne sont pas convaincus de la culture de l’excellence. J’ai lu toutes les réactions à propos de la Sénatrice, près d’une vingtaine, et parmi lesquelles, il y en a eu trois qui font partie du Club de l’Excellence. Le reste, sauf dans certains cas, qu’ils continuent de vautrer dans la médiocrité, de la voter démocratiquement et se foutre le doigt dans leur nez pour en enlever des crottes. Ils réagissent comme des zombis rebelles, ayant des attitudes suivistes, qui ne font que taper n’importe quoi sur leurs claviers.


Revenons à l’UEH

Fondée par la loi du 4 août 1920, l’UEH n’est même pas en mesure d’accueillir des étudiants internationaux qui souhaiteraient comprendre ce riche laboratoire nègre qu’est Haïti. Haïti, seul pays francophone de la région pourrait accueillir dans les programmes d’échanges avec les universités nord-américaines les étudiants assoiffés de comprendre et de maitriser la langue française. Mais Papa Doc a tout bloqué.


De sources sûres, la France ou l’Organisation Internationale de la Francophonie voulait ériger sous Papa Doc un campus universitaire gigantesque en vue de l’émancipation de la langue française dans le bassin de la Caraïbe. Papa Doc refusait car il avait peur de voir l’émergence des Jacques Stephen Alexis, des Richard Brisson et de nombreux intellectuels kamoquins qui ont été inhumés à Fort-Dimanche. Au lieu d’une production d’intellectuels, l’UEH endurait l’invasion des Bouquis. Et qui ne sait pas que le symbole dérisoire du plus fameux des bouquis fabriqué par Papa Doc fut le Colonel Jacques Gracia dont les blagues et les satyres signalaient toujours des moqueries combien de fois délicieuses? La tradition orale autour de Jacques Gracia, symbole du sot et de l’imbécile fait rappeler que ce monsieur (et tous ceux de son espèce) savaient inscrire des jeunes dans les lycées surpeuplés. Quand il n’y a plus de places en cinquième, on les fout en troisième, seconde, rhéto ou philo. Imaginons ces cancres et tous ceux de leur espèce qui se voient réussir par un quelconque hasard et ruse au Bac, puis pénètre les facultés pour faire le « surveiller-rapporter ». C’est plus que l’invasion des barbares, c’est l’invasion des bouquis au sein de l’UEH. Ces bouquis qui peuvent devenir n’importe quoi, n’importe quand dans un pays où la médiocrité fait la pluie et le beau temps.


Sous l’abjecte Papadocratie, des agents de services secrets, les bouquis au sein de l’UEH, qui ne savent ni lire ni écrire à la faveur d’un régime… Cela ne va pas empêcher de rencontrer un René Civil et des OPs militants comme étudiants de l’UEH, on ne sait comment ils ont parachuté mais toujours au service du régime titidien. De l’invasion des bouquis, des macoutes dans les universités on passera à la mutation en chimères, des rat pa kaka (RPK) qui privatisent l’institution universitaire. De la papadocaratie, Haïti sera elle-même victime de la lavalassocratie qui résulte en une médiocratie… tout cela converge vers un Etat Voyou. Ceux qui veulent continuer à donner leur vote pour la perpétuité des médiocrates... j’exclame à cor et à cri: « ô rage, ô Lavalas, ô désespoir ! »


L’institution universitaire de l’Etat Haïtien, dans son espace physique, est une pure violation de droits humains. Puanteur, insalubrité, conditions infrahumaines, la malpropreté, l’état des toilettes, des cafeterias font que ceux qui sont diplômés là-bas ont avalé la pilule pendant des années car l’Etat médiocre invite dans un tel environnement à forger des cancres. Laboratoires de recherches, il n’y en a pas. On a un vice-recteur à la recherche, où sont les laboratoires et les centres de recherche de l’UEH? Dans quel milieu international les recherches de l’UEH ont-elles été publiées? Cette unique université d’état, médiocre et unique en son genre, les meilleurs qui en sont sortis peuvent être appelés des miraculés « sauvés des eaux. » Quand les étudiants se révoltent en brulant les pneus aux alentours du Palais National, on doit les comprendre parce qu’ils sont frustrés. Ils ont cette crise interne qui les turlupine face à un Etat qui ne respecte pas ses citoyens.


Joachim Balaguer nous a crachés au visage dans son livre « La isla al reverse ». Emeline Michel, cette femme flamme de la Culture Haïtienne, a prié et a pleuré dans son âme patriotique pour chercher la pitié de Dieu par rapport à la comparaison entre nous et Saint-Domingue… « Père l’Eternel, O bon berger vinn sové la vi mwen… »


Cette UEH dans l’état médiocre qu’elle est, a déposé un budget sous les yeux du parlementaire Joel Joseph LOUIS. Ce monsieur, sait-il lire pour comprendre que l’Université dans un pays est sacrée et c’est là qu’on forme les générations futures. Ces parlementaires médiocres qui décident sur le sort de l’Université déjà en chute libre, nous sommes abasourdis sur l’avenir de la République.


Et si on veut être des ministres de la médiocratie, de la voyoucratie, eh bien entrez dans votre merdier tout seuls, je souhaiterais que vous y en sortiez avec les parfums que vous méritez.


Ca n’étonnerait quiconque que le sens de la rigidité, la méthode, la rigueur aurait été substitué par la voie facile, la négligence pour adopter l’art de bien faire. Les générations présentes et futures devraient remettre une plaque d’honneur aux papadocrates et lavalassocrates pour avoir retardé le pays pendant près d’un demi-siècle. Leurs œuvres les suivent. Ces imbéciles!


C’est le moment de ne pas voter les médiocres mais de faire une campagne pour le club de l’excellence car il est temps de donner le « pays aux plus capables et aux plus compétents. » Être dirigés par les médiocrates, nous en avons marre !


Quand les ignares diplômés prolifèrent, la bêtise fleurit joyeusement. Jean-Luc Dion