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Manigat UEH


Le rôle des intellectuels et du monde du savoir par rapport au pouvoir dans les tentatives historiques de reconstruction voire de refondation d’Haiti, si souvent éprouvée, de Toussaint Louverture à nos jours.
par le professeur Leslie F. Manigat



Pour l’historien tout moment est un aboutissement, et ce moment présent de l’inauguration du colloque de l’UEH sur les problèmes de la reconstruction nationale l’est d’une manière plus singulière puisqu’il s’agit, en plus du déroulement évolutif continu de notre existence bi-centenaire de peuple, de ce qu’on appelle un « act of God » par excellence qu’est le tremblement de terre du 12 janvier dernier, qui est une date-césure d’une violence inouïe, mais qui fait partie de l’histoire humaine et doit y être intégrée comme, par exemple, cette de 1842 au Cap-Haitien dans le Nord, sans avoir aucun lien logique avec la révolution de 1843, qui a portant éclaté dans le Sud l’année d’après, ce séisme humain le plus important de l’histoire de nos révolutions. Celle-ci a été le fait de l’intervention humaine sous la forme d’initiatives individuelles et collectives dans le contexte de la nécessité sociale. Ce sont des idées en marche qui ont fait cette révolution, à la genèse de laquelle il y a eu une pensée, une volonté et un combat d’hommes instruits, des intellectuels, d’un monde des travailleurs des idées en symbiose avec le masses populaires qui ont fait cette histoire. Quelles ont été les vibrations périodiques de ce milieu savant (au sens haitien de « savé ») à travers notre histoire, et surtout quelles ont été les étapes de l’intervention des intellectuels, souvent de formation ou d’origine intellectuelle dans les conjonctures graves où il a été question de véritable REFONDATION du système haïtien de gouvernance pour changer structurellement la vie chez nous en changeant l’organisation de l’état à des étapes marquantes de la vie nationale ? Les idées exprimées par des hommes et des femmes en prises de position et d’actions révolutionnaires dans l’exercice des métiers d’intelligence. L’esprit s’incarne pour que le verbe se fasse chair. Comment le verbe s’est-il fait chair à des moments marquants et cruciaux, disons mieux : à des étapes de pressions en faveur du changement événementiel, conjoncturel, structurel ou même systémique de notre vécu de peuple ? Une intelligentsia haïtienne a –t-elle pu se dégager dans des moments de crises pour maitriser ces conjonctures du bonheur, des preuves ou même de péril national ? Cherchons des moments historiques de crudité ou des thèmes significatifs propices à ausculter le corps social instruit de nos élites du savoir. Mon nouveau sujet s’intitule : « Le rôle des intellectuels et du monde du savoir par rapport au pouvoir dans les tentatives historiques de reconstruction voire de refondation d’Haiti, si souvent éprouvée, de Toussaint Louverture à nos jours ». C’est le pendant d’un autre sujet dont on va parler d’abondance dans ce colloque, « le rôle du secteur privé dans la reconstruction nationale », avec cette double différence que mon adresse inaugurale a pour valeur de situer la problématique dans une évolution historique et thématique.

L’Historique de quelques conjonctures de salut public, au cours desquelles le monde intellectuel s’est impliqué dans la bataille du sauvetage national comme fer de lance d’une intelligentzia, généralement d’origine ou de formation universitaire, et s’est mué en force motrice de la psychologie collective haïtienne toute entière mobilisée..Ces moments de rupture supposent comme ingrédients
1) l’arrivée ou la perspective d’arrivée de la situation à un seuil critique, 2) l’occasion d’une initiative individuelle ou d’un noyau d’acteurs qui met le feu aux poudres, c'est-à-dire l’étincelle ou l’allumette,
3) et 4) une force de frappe pour donner corps aux idées nouvelles de support au changement et
5) une nouvelle organisation de l’Etat en conformité avec le nouvel ordre des choses en gestation ou en confirmation.
Soit, pour dire les choses autrement, je fouine a travers l’historique de la pensée haïtienne en action dans des mêlées où s’est joué le destin national au déroulement successif d’expériences vécues porteuses de tentatives-carrefour de restructuration du pays à des moments culturels où la nécessité du changement prend l’importance d’une véritable demande collective de REFONDATION. Il y a de ces moments, en vérité, où on a le sentiment qu’il faudrait tout refaire en repartant à zéro, mais cette tentation de tabula rasa est mauvaise conseillère, car il y a des valeurs, des acquits et des idéaux du patrimoine national à chérir et à sauvegarder. Cependant, ne serait-on pas aujourd’hui devant un tel état des lieux que le que faire haïtien se pose impérieusement en termes de REFONDATION comme un impératif de la conjoncture nouvelle, surtout après l’horrible tragédie du 12 janvier 2010. A moins de tenter une histoire comparée entre le temps présent et les antécédents ou même les précédents du passé-présent historique de chez nous dans une promenade à travers les arcanes de notre évolution de peuple, ce que j’appelle, avec d’autres dans l’appellation à la mode aujourd’hui : la socio-histoire des idées politiques haitienne, mon domaine par excellence de spécialisation spontanée. ? (ce qui m’amène à traiter professionnellement, en historien, des sujets sensibles, voire « dangereux » et donc souvent tabous, de la question sociale haitienne, ce dont je me passerais volontiers si j’étais géomètre). La vie intellectuelle haïtienne nous a familiarisés avec des conjonctures de péril national quand le salut public la fait tourner au rouge de la volonté politique de métamorphose de la réalité en termes du nouveau qui frappe à la porte, et fait constater l’existence de constantes qui, en rassurant sur le fait que l’histoire ne se répète pas comme le croit le commun des mortels, mais toutefois fait revivre autrement la permanence qualitative du flux saccadé de l’écoulement de la durée dans l’identité de sa substance et la continuité de son parcours. L’historien qui est sollicité de prendre la parole pour prononcer l’adresse inaugurale de ce colloque de l’Université d’Etat d’Haiti est heureux de voir l’Histoire servir d’introduction à une rencontre universitaire sur la reconstruction nationale haïtienne, à un moment de crise non d’une institution, mais d’un Etat-nation qui a célébré il y a quelques années à peine, les deux cents d’existence de son peuple. Crise dans la crise, et de crises en crises, comme j’essayais de le montrer a l’occasion d’une conférence mémorable à l’Ecole Normale Supérieure de l’Université d’Haiti sur la Révolution Haitienne de 1843, la seule complète, multidimensionnelle et multiphasée qui permettait une analyse totale globale, la seule révolution véritable , bien que malheureuse, de toute notre histoire nationale. [Entre parenthèse, le numéro 2 du PUCH, derrière René Théodore, disait à Paris à qui voulait l’entendre, et me rappelait bien souvent, que c’est ma conférence de l’Ecole Normale Supérieure sur la Révolution de 1843 qui a fait de lui le communiste qu’il est devenu].Un exemple du rôle d’une conférence d’intellectuel pour son audience académique sur la décision d’engagement d’un leader politique au sommet de son institution partisane. Au cœur de notre thématique : l’universitaire comptable de l’histoire.

Mais notre histoire a été plus riche en tentatives rares en succès durable, mais riches en essais de changements structurels de la part du monde intellectuel haïtien pour faire bouger et changer les choses, et c’est parmi elles que je retiendrai, pour vous en entretenir, sept d’entr’elles, en cette séance inaugurale d’aujourd’hui pour illustrer ce que j’appelle l’effort permanent du monde académique et professionnel de l’intelligence haïtienne pour faire valoir la suprématie des valeurs de l’esprit comme le fondement de la reconstruction voire de la refondation d’Haiti dans des conjonctures-clefs de notre devenir. Vous savez que j’ai une théorie de la fécondité des échecs dont la répétition est compensée par leur rôle dans la pérennité des œuvres de combat caractéristiques de l’exercice des métiers d’intelligence pour dynamiser le corps social haïtien tout entier à travers les étapes de l’itinéraire des élites intellectuelles haïtiennes pour la sauvegarde de la culture académique, un combat permanent dont je retiens ce soir neuf etapes historiques et thématiques chronologiquement présentées comme représentatives.

Ces neuf rubriques de l’itinéraire des élites intellectuelles haïtiennes pour la sauvegarde de la pérennité académique nationale dans le sentiment de la dignité et de la grandeur des valeurs du monde culturel noir d’Haiti, défendues er promues par les intellectuels haïtiens dans leur combat pour le bien commun haitien que je ne pourrai ici qu’évoquer en concentrés de raccourcis historiques successifs, faute de temps. Je professe que l’espace de pouvoir, en Haiti, est occupé par ceux qui y jouent un rôle stellaire et ceux qui y jouent un rôle efficace, et le rôle efficace est toujours joué par les opérateurs politiques partisans ou non du statu quo selon les opportunités à exploiter, comme un Tancrède Auguste tandis que le rôle stellaire est souvent occupé par des intellectuels de renom désireux de modifier le cours des choses au pays jusqu’au changement du système politique, comme un Anténor Firmin. Une catégorie mixte est occupée par des intellectuels d’envergure mais aussi opérateurs de poids sur la scène politique tel un Sténio Vincent ou un Emile Saint Lot (il s’est trouvé que l’arme de l’éloquence a fait d’eux les deux plus grands orateurs francophones du 20ème siècle haïtien).. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet avec cette périodisation en neuf étapes ou thématiques chronologiques, défrichons le terrain en visionnant le rythme auquel se déroule le récitatif des conjonctures. J’y vois un rythme ternaire : le rythme de la courte durée ou de souffle court, le rythme de durée moyenne ou de souffle intermédiaire, et le rythme de la longue durée ou de souffle long

 Voyons donc tour a tour, comme dans un prélude, les trois rythmes de l’histoire intellectuelle d’Haiti marquée par la mise en relief des valeurs devant assurer la pérennité de la suprématie de l’esprit dans notre collectivité, et ensuite le combat des intellectuels pour le sauvetage national dans des entreprises de salut public pour le bien commun souvent en danger, le savoir en butte au pouvoir dans un duel permanent, , puis nous verrons les sept (7) étapes de l’itinéraire des élites intellectuelles haïtiennes, souvent d’origine et de formation universitaire, pour la sauvegarde du patrimoine litteraire, artistique, scientifique et moral de la nation, sa reconstruction et dans certains extrêmes de calamités naturelles ou historiques, sa REFONDATION jugée nécessaire..

  1.  la Préface louverturienne en coup d’éclat génial d’un Précurseur sinon intellectuel de capacité du moins cérébral d’invention dans la forge d’un pouvoir noir nouveau et refondateur. Un exemple de la suprématie de l’esprit dans la quadrangulaire : race, propriété, classes et castes-couleurs.
  2. La guerre de libération nationale, ses arêtes idéologiques majeures et l’apport des intellectuels à la reconnaissance et à la survie de l’indépendance nationale
  3.  Le prélude christophien aux grands matins créateurs d’un visionnaire hors pair au « despotisme éclairé », « civilisateur » de son peuple. La naissance des institutions universitaires en Haiti.
  4.  Caudillos Libéraux et Nationaux en guerre sociale et en volonté de puissance politique pour la domination du pouvoir des deux élites de l’avoir et du savoir, l’une traditionnelle nantie bien assise et l’autre naissante de l’ascension des couches sociales nouvelles
  5.  La francophilie nationaliste comme rempart contre l’avènement de l’hégémonie américaine : De l’identité afro-latine à la crise négritudinelle de la conscience caraïbéenne.
  6.  Noirisme et marxisme, puis post-marxisme et post-noirisme dans la compétition pour la refondation d’Haiti
  7.  Le temps de la tutelle étrangère et la refondation modernisatrice d’Haiti

 

I.- Mais d’abord, quelle Haiti, demande l’historien, après avoir évoqué l’Haiti de la révolution de 1843, la seule, la vraie, et par conséquent la malheureuse ? De quelle Haiti s’agit-il, et dans quel état ? Il y en a plusieurs, celle de Dessalines n’a pas été la première puisque celle de Toussaint l’a précédée et celle de Pétion lui a succédé, les trois jouant au chien et au chat dans une succession dans la continuité et les discontinuités ? J’ai pris le risque de retenir sept parce que mon sujet m’appelle a sélectionner les conjonctures qui ont pose la problématique des tentatives non seulement de reformes, comme celle de l’opposition parlementaire sous Boyer, mais d’une véritable rupture a la recherche d’une REFONDATION d’une Haiti en bouffées de chaleur comme dans ses ménopauses historiques faute d’enfanter les solutions salvatrices. Je répète qu’i y a un karma haïtien de malheur et c’est pour en sortir que le pays va jusqu'à questionner des crises pour trouver des issues d’une REFONDATION de ses structures de base dans des formules de salut public.

L’Historique de quelques conjonctures DE SALUT PUBLIC au cours desquelles le monde intellectuel s’est impliqué dans la bataille du sauvetage national comme fer de lance d’une intelligentzia, généralement d’origine ou de formation universitaire, s’est muée en force motrice de la psychologie collective haïtienne toute entière, mobilisée avant l’échéance ou après comme les révolutionnaires du lendemain..Ces moments de rupture supposent comme ingrédients 1) l’arrivée ou la perspective d’arrivée de la situation à un seuil critique, 2) l’occasion d’une initiative individuelle ou d’un noyau d’acteurs qui met le feu aux poudres, c'est-à-dire l’étincelle ou l’allumette, 3) et 4) une force de frappe pour donner corps aux idées nouvelles de support au changement et 5) une nouvelle organisation de l’Etat en conformité avec le nouvel ordre des choses en gestation ou en confirmation. Soit, pour dire les choses autrement, je fouine a travers l’historique de la pensée haïtienne en action dans des mêlées où s’est joué le destin national au déroulement successif d’expériences vécues porteuses de tentatives-carrefour de restructuration du pays à des moments culturels où la nécessité du changement prend l’importance d’une véritable demande collective de REFONDATION. Il y a de ces moments, en vérité, où on a le sentiment qu’il faudrait tout refaire en repartant à zéro, mais cette tentation de tabula rasa est mauvaise conseillère, car il y a des valeurs, des acquits et des idéaux du patrimoine national à chérir et à sauvegarder. Cependant, ne serait-on pas aujourd’hui devant un tel état des lieux que le que faire haïtien se pose impérieusement en termes de REFONDATION comme un impératif de la conjoncture nouvelle, surtout après l’horrible tragédie du 12 janvier 2010. A moins de tenter une histoire comparée entre le temps présent et les antécédents ou même les précédents du passé-présent historique de chez nous ?La vie intellectuelle haïtienne nous a familiarisés avec des conjonctures de péril national quand LE SALUT PUBLIC la fait tourner au rouge de la volonté politique de métamorphose de la réalité en termes du nouveau qui frappe à la porte et fait constater l’existence de constantes qui, en rassurant sur le fait que l’histoire ne se répète pas comme le croit le commun des mortels, mais toutefois fait revivre autrement la permanence qualitative du flux saccadé de l’écoulement de la durée dans l’identité de sa substance et la continuité de son parcours. Immuable et changeante est le paradoxe de l’histoire vivante au rythme de l’évolution et des révolutions...quand l’heure arrive des échéances inévitables dans une déchéance devenue insupportable.

Certes, a chaque chute de gouvernement ou presque, il y a un COMITE DE SALUT PUBLIC à émerger, si cette appellation exprime un besoin, elle n’indique pas une voie de solution sinon une routine de procédure successorale par solution de continuité. La galerie des figures, illutations et photos de nos chefs d’Etat prête au jeu desquels sont sortis du pouvoir pacifiquement à la fin d’un mandat régulier ce qui oblige a ces coups d’état interventions militaires du type ôte-toi de la pour que je m’y mette. On veut explorer les ruptures potentionnellement révolutionnaires avec l’ambition censée de casser la baraque ou de s’en emparer, comme le salut public l’exigeait, pour tenter de refonder la nation toujours en transit depuis la période fondatrice de 1791 à 1838.

Mieux que de présenter une simple périodisation en étapes d’évolution de l’histoire du peuple haïtien à la recherche d’une boussole pour s’orienter, on peut colorer les choses en y associant une typologie des interventions stratégiques dans le jeu du pouvoir suprême et des pouvoirs sectoriels ou régionaux,, en notant au passage que la façon d’y arriver soit ou ait été une initiative individuelle, une initiative de groupes en caucus ou d’une initiative collective d’ensemble sous la poussée de la nécessité sociale. La manière importe peu pour arriver au pouvoir ou pour l’aménager. C’est la règle normative ou sociologique qui est la constante et l’ « indicatif » (Frédéric Marcelin) du jeu qui importe.et cet indicatif, c’est « le général victorieux » parvenu ou placé au pouvoir.au nom du salut public.

II.- Il y a ainsi un rythme dans les modulations de fréquence de l’exercice du pouvoir chez nous et les coups d’état sont des pulsions exprimant les interventions de civils actionnant des militaires en position d’options de pouvoir. Le premier type est l’intervention de souffle court. A chaque changement irrégulier de gouvernement, on a un comite de salut public en interrègne. L’appellation de comite de salut public est dans ce cas une routine de parcours sur l’itinéraire politique du pays politique, et comme la durée moyenne des gouvernements est d’environ trois ans, on a une fréquence au rythme triennal saccade comme les bouffées de chaleur d’une ménopause annonçant la fin du cycle d’enfantement d’une société nouvelle. Le rythme de souffle court est la preuve de l’impuissance à maintenir les chances d’une refondation des structures de base pour la modernisation endogène. Dans ces conditions, on a une succession de conjonctures de faillites de la modernisation

Cette longue durée a soutenu pourtant les hommes de bonne volonté du pays réel des élites intellectuelles de rénovation au sommet comme , a la base, les sentiments de foi des masses de la religion populaire s’en remettant aux dieux de leurs croyances vodoues pour mettre un terme a leurs conditions d’existence parfois les plus intenables a coups d’être inacceptables, tandis que pendant le même temps religieux, le christianisme se divise en deux, la moitie la plus en expansion au détriment de l’autre, gagne le terrain des temple et des cantines populaires et de l’enseignement des Saintes Ecritures en mettant une Bible dans les mains de chaque fidele. Haiti est aujourd’hui un pays à moitie protestant vers une dominante numériquement en faveur de la religion réformée et adventiste,, résultat d’un processus de renversement de tendances de souffle long au rythme de la longue durée du sentiment chrétien dans le peuple de Dieu en proie a une compétition active derrière le masque de l’œcuménisme, alors que la paix religieuse s’installe entre catholique et vodou avec la fin des persécutions des vodouisants et la continuation du syncrétisme catholico-vodou qui utilise l’image du même Saint Jacques Majeur dans les églises chrétiennes et les hounfors vodous.

Partout ailleurs, même dans la vie quotidienne, c’est le règne du rythme de souffle moyen correspondant aux générations qui se sont succédées depuis l’indépendance dont nous devons la comptabilité aux travaux de Georges Anglade. A chaque génération, de saisir la chance qui passe, et la roue a tourné a ce rythme de souffle moyen des générations successives, c'est-à-dire de fréquence de durée moyenne. Le pays vit et repose sur la durée moyenne. Le travail chez nous loin d’etre au rythme de la longue duree de la carrière et du métier, est au souffle moyen de la moyenne durée .Contrairement aux apparences, le Kalé West lui-même n’est ni de la longue durée ni du souffle court, mais de la durée moyenne d’une vie ordinaire.

La longue durée a réussi au moins une fois, c'est-à-dire de 1806 a 2004 quand la société créole a rejeté en octobre 1806 le courant dessalinien national-indigéniste de la genèse, et a forgé, consolidé, épanoui et maintenu sa victoire comme société créole sur ce national-indigénisme dessalinien en vigueur de 1804 à 1806. C’est désormais la pérennité de la société haïtienne qui a réussi à faire accepter, faute de mieux, sa domination de classe et de caste dans sa formulation pro-métissé définitive, chacun étant occupé, comme en maints pays d’Amérique Latine, a mettre du lait dans son café. Le cycle durable du souffle de la longue durée a façonné le facies du pays « pou tout tan » comme on l’a cru aux bons temps unanimes de « Haiti chérie et de ses illusions. Car c’est elle qui est en train d’imposer un nivellement par le bas à l’ère des populismes duvalierien, puis lavalassien au nom du combat contre les inégalités sociales. C’est la caricature faisant corps avec une réalité confondante. Distinguer le bon grain et l’ivraie reste le domaine des consciences individuelles, les bons sorciers luttant en bandes nocturnes contre les mauvais sorciers ou vice-versa, au sein d’une religiosité non chrétienne liée a une fécondité agricole de récoltes octroyées par la grâce du bon dieu contre les forces du mal représentées par le diable noir au 16eme siècle européen, mythologie laissée en héritage en Haiti ou l’électricité, par exemple, n’a pas encore contribué assez à chasser les loups-garous dans la campagne. En tout cas, ces fantasmagories qu’il ne faut pas confondre avec la religion populaire vodoue ou avec tout ésotérisme croyant dans un grand maitre, force du bien par excellence, ont pour vertu de laisser hors de cette descente aux enfers, les couches sociales supérieures dominantes matériellement aisées, intellectuellement instruites, privilégiant les affinités de la clarté caucasique de la peau et de la préférence blancophile, apanages de la civilisation occidentale plus avancée et plus séduisante, dont l’avenir est assuré pour la longue durée, sauf une catastrophe naturelle a effet de surprise. La longue durée est dans les wagons de tête du train de la vie qui laisse les wagons de queue sur le parcours au fur et à mesure Les pays faillis, en queue de wagon, ont leur catégorisation à part. C’est l’histoire qui dit à partir de quand Haiti a été perçu et classe « pays failli ». selon une nomenclature devenue à la mode, une autre typologie infamante pour notre peuple. Vivre l’histoire d’Haiti dans son besoin bicentenaire de modernisation, avec l’aide aujourd’hui de l’étranger jouant le rôle du bon samaritain de l’évangile solidairement et sans jactance de supériorité égoïste, c’est être conscient de tout ce fardeau national de l’homme noir haitien, « the black man burden » comme on devrait dire, dans cette vallée de larmes ou il essaie périodiquement a refonder une reconstruction enfin moderne de son « etant ».. De la le va-et-vient entre les souffles courts, moyens et longs dans la typologie des rythmes de l’existence vécue par le peuple haitien a travers son histoire de pays noir indépendant. Faire de l’histoire n’exempte pas de faire l’histoire, tout au contraire ! J’aurai passe ma vie enseignante et militante à le répéter en semant cette vérité à tous vents.

III.- La troisième des neuf ( 9) tentatives de refonder une existence pour Haiti libérée du joug de l’esclavage des noirs porte le sceau du génie créateur de Toussaint Louverture. L’etat noir qu’il a créé a réussi son avènement en un coup d’éclat génial d’un cérébral qui a donne un exemple de la suprématie de l’esprit. Certes, ce n’était pas un intellectuel. Encore moins un créateur d’institutions universitaires, mais un cerveau inventif dans l forge d’un pouvoir noir nouveau et fondateur, je veux dire un refondateur de la société coloniale en mutation vers une société nationale. Un exemple de la suprématie de l’;esprit dans une quadrangulaire qu’il a maitrisée, de la race et de la propriété dans un système de classes et de castes.

Passer du statut d’esclave dans la colonie française de Saint Domingue au grade de général en chef et de gouverneur général de la ;possession coloniale la plus prospère du monde dans le système impérial du capitalisme commercial de la fin du 18ème siècle, a été le défi que s’est lancé Toussaint Bréda, nègre d’une habitation du Nord de Saint Domingue et le pari qu’il a gagné comme un « être extraordinaire », reconnu comme tel par ses partisans « fanatisés », par ses admirateurs de chez lui et d’ailleurs, ses adversaires sur place et à l’étranger et par la postérité quasi-unanimes. en se hissant, au cours d’une escalade ascensionnelle fameuse, au sommet d’un pouvoir noir à son zénith de 1798 à 1802.

Il a forge dix instruments dont la liste séquentielle suffit pour expliquer son avènement au pouvoir suprême et absolu : En effet, en essayant de sonder les assises du pouvoir noir louverturien, on en arrive à un recensement des instruments de la conquête du pouvoir réel entre les mains de notre Toussaint. C’est un décalogue de réalités exploitées par Toussaint comme atouts. Le voici. : la révolution française et les changements qu’elle a rendu possibles dans son contexte et dans son sillage, le déplacement et le transfert de la propriété déjà en cours avant lui à Saint Domingue (Castonnet des Fosses), la majorité noire ex-servile massive, base et pilier du nouvel état des choses dans la colonie, l’armée indigène, instrument de la nouvelle nationalité émergente en édification, (« cet homme fut une nation », Lamartine), le charisme personnel, le modérantisme de la temporisation tactique associé à la poigne de l’autoritarisme absolu (main de fer dans des gants de velours),, l’hostilité permanente d’une classe d’affranchis rivale, ambitieuse, et capable d’accès potentiel au pouvoir ( le mot : il faut être craint, craindre et encourir un danger de position), la diplomatie et les relations internationales jusqu’à se donner la stature d’un chef d’Etat partenaire, voire allié, la vision stratégique de l’avenir proche et lointain jusqu’à créer un précédent dans l’histoire sous la forme de la voie de l’indépendance par l’étape acceptée et aménagée de l’autonomisme ou « self-government », et puis le destin et ses impondérables.

De ses premiers pas de pouvoir noir nouveau-né tardif mais bien portant à sa consécration d’adulte dans sa séniorité épanouie, le système louverrturien, a vécu dans un contexte ambiant aux arêtes majeures de trois grands axes : 1) Omniprésence d’un ethno-nationalisme militant mais cauteleux vu l’ambigüité raciale tactique chez Toussaint et la précarité des liens déjà débilisés avec une métropole nominale lointaine. 2) Régime militarisé et louverturisme de guerre en raison de la crise du passage de l’état colonial à l’état national (approvisionnement en armes et en munitions comme priorité, durcissement du régime dont témoignent les exécutions capitales des généraux Moyse et Charles Belair). 3) Conversion délibérée du système de l’Exclusif en « free trade » ou libre commerce, puis en monopole de fait des anglo-saxons, particulièrement des américains (C’est le constat dénoncé par Leclerc à son arrivée).

Mais l’importance de ces instruments de pouvoir utilisés par le Napoléon noir prend toute son importance quand on souligne que Toussaint est un soldat de métier, un militaire de carrière dans une société militaire, Ses douze (12) années de campagne, ses trente-deux blessures au combat l’attestent. Ainsi, c’est, avec lui, un général victorieux qui accède au pouvoir suprême. César noir, il est venu, il a vu et a vaincu. C’est un gagnant. « Cet homme fait ouverture partout ». Devenu le plus fort, il est garant de la solidité t de la pérennité de tout l’édifice construit par lui pour garantir la liberté des noirs. Il faut veiller à continuer à être le plus fort, sinon la liberté pourrait être menacée. Louverture a clairement vu et dit l’enjeu en 1802 : « Nous sommes libres aujourd’hui parce que nous sommes les plus forts. Le consul maintient l’esclavage à la Martinique et à Bourbon. Nous serons donc esclaves quand il sera le plus fort ».
Forces politiques (le nombre noir majoritaire conscientisé), forces militaires (le nombre noir soldat de l’armée indigène).
L’armée coloniale, formait, avant l’arrivée de l’expédition de Leclerc, un corps de plus de vingt mille hommes de troupes régulières, organisés et placé ainsi qu’il suit :
ETAT-MAJOR GENERAL
Toussaint Louverture, général en chef
DIVISION DU NORD
Christophe, général de brigade, 4.800 hommes de troupes
DIVISION DU SUD ET DE L »OUEST
Dessalines, général de division, avec 11.650 hommes de troupes
DIVISION DE L’EST
Clervaux, général de brigade, 4.200 hommes de troupes

Total de présents sous les armes 20.650 hommes de troupes
Le général Pamphile de Lacroix ajoutait les commentaires suivants : « Cette armée était presque composée que de noirs. On n’y comptait qu’un millier d’hommes de couleur et cinq à six cents blancs…..L’armée régulière de Toussaint Louverture avait pour auxiliaire toute la population de couleur, qui, entièrement au joug de fer imposé par les nouveaux propriétaires avec le mot de liberté ne SUPPORTAIT plus.

La panoplie des moyens de puissance de Toussaint incluait l’exploitation politique de ses performances économiques et de l’exploitation de la crise de la grande propriété blanche avec pour substitution le système portionnaire de rétribution.qui a sa faveur à la consécration de son pouvoir noir (1798-1802). Des blancs observaient le peu d’empressement mis par notre Toussaint à réinstaller des colons propriétaires revenus sur leurs anciennes habitations. Pire ou mieux, son règlement du 13 mai 1800, nationalisant les plantations des propriétaires absents, dépossèdent légalement les blancs au profit du régime noir. Toussaint encourage ses noirs à vouloir renvoyer les propriétaires blancs en arguant que les terres leur appartenaient les ayant, disent-ils, assez cultivées pour les autres La grande propriété coloniale blanche était déjà en question sous Toussaint. Le receveur Périès, dans un rapport au ministre des colonies, écrivait : « Alors chacun subit, chacun se tait. Tous les jours sont marqués par les horreurs de ce genre, par l’intention ben prononcée des chefs noirs de dépouiller les propriétaires » « par leur rébellion aux lois et aux ordres du gouvernement français ». Quant à Pluchon historien observateur lucide partial, il voit dans la politique louverturienne « une machine politique qui élimine systématiquement les blancs pour les remplacer par les noirs dans tous les domaines de l’activité coloniale ». De fait, Toussaint plaçait plus volontiers sa hiérarchie militaire en possession des terres supposées vacantes. Des historiens contemporains, Sabine Manigat est celle qui avance a son point extrême une réflexion susceptible de faire progresser l’investigation sur « les nouveaux vrais problèmes autour de cette question des « fondements sociaux de l’état louverturien ». En tout cas, il ressort des révélations du receveur Périès aux thèses de Pluchon et aux interrogations de Sabine Manigat, que nous sommes en mesure de mieux nous rendre compte que la colonie est en transition vers quelque chose d’autre à mettre en place du fait même de la liberté générale. Toussaint n’était-il pas en train de mettre du vin rouge dessalinien dans son eau ? On touche ici à la reconnaissance d’un Toussaint inconnu, dont le profil le plus avance anticipe sur le Dessalines de la nationalisation des terres des colons en des termes préludant a l’expérience Mescalinienne plus tard qui fut « une machine politique qui éliminait les blancs pour les remplacer par les noirs » et dépouiller les colons propriétaires au profit de la nouvelle hiérarchie militaire indigène et des anciens esclaves recevant désormais une RETRIBUTION grâce au système portionnaire ?

Le système est couronné par une diplomatie active d’échanges au sommet entre états-nations incluant Toussaint admis sinon à la table du moins au dialogue des grands de ce monde d’alors : Pitt, Jefferson, Adams, Napoléon, lord Castlereagh, lord Whitworth, Livingston, Galatin., directement ou indirectement, avaient à traiter avec lui et le prenaient au sérieux. Toussaint comptait sur l’échiquier régional et son action se reflétait dans le jeu des grandes puissances mondiales qu’il était capable d’infléchir. Ajoutons qu’il affichait une amitié préférentielle pour les anglo-saxons au détriment de la métropole nominale lointaine au détriment de laquelle il violait les normes du système de l’Exclusif ou pacte colonial pour donner le monopole commercial de fait aux américains, ses « alliés » (the « quasi-alliance ») de la conjoncture 1798-1802.
Toussaint tirait le meilleur du régime de transition dans le passage de l’état colonial à l’état national. Son audacieuse vision d’avenir ?  L’indépendance par l’étape de l’autonomie obligée pour l’apprentissage intermédiaire du « self-government » L’Angleterre a pris de lui pour le « Commonwealth » le modèle devenu universel de l’autonomisme, voie vers l’indépendance.
Toussaint a été mieux que le Précurseur campé dans nos manuels de classes, un authentique co-constructeur de la-nation haitienne. Mieux qu’une refondation de la société coloniale en révolution, c’est, par l’action d’un cérébral, à défaut d’un intellectuel, la FONDATION d’un nouvel Etat.

IV.- La guerre de libération nationale, ses arêtes idéologiques majeures et l’apport des intellectuels à la réalisation puis à la reconnaissance de l’indépendance nationale, pour répondre à la question : quelles ont été les idées politiques de notre révolution d’indépendance nationale ?

L’indépendance haïtienne a été conquise les armes à la main à la suite d’une guerre de libération nationale qui a nécessité une volonté de rupture et une détermination de « liberté ou la mort » chez les anciens esclaves « fanatisés » dont la masse a fait la décision sur les champs de bataille. Mais on tend parfois a sous-estimer l’effort d’intelligence qu’il a fallu chez les intellectuels et les élites instruites de l’époque pour accompagner et propulser ce choc de volonté de changement de l’état colonial à l’état national. Le pendant de l’action des masses victorieuses a été un effort et un investissement intellectuels d’une poignée ou même déjà de noyaux assez durs et efficaces quantitativement chez ceux qui exerçaient dans la colonie en rébellion des métiers d’intelligence et étaient acquis à la cause de la révolution. Et comme le nombre noir était illettré, exception faite des « Marrons du syllabaire » en nombre réduit et a peine intellectuellement dégrossis bien que d’intelligence native, le grand nombre des lettres était les anciens affranchis dont plusieurs avaient reçu une éducation assez soignée en France ou a Saint Domingue même. Juste avant et après les premiers temps de la conjoncture révolutionnaire de 1776-1789, des affranchis de Saint Domingue étaient en formation l par exemple au fameux collège de la Marche et faisaient leur apprentissage a la Société des Amis des noirs ou ils étaient admis. Il était donc logique que ce fussent dans les rangs des affranchis que se recrutaient les instruits voire les intellectuels de la guerre de libération nationale (les Beauvais, Pinchinat, Chanlatte, Julien Raymond, Vincent Ogé, Rigaud, Borno, Lespinasse, Boisrond Tonnerre, Blanchet, Mentor, Villevaleix, Inginac, Vastey, Pétion, Boyer etc.) pour la faire et en tirer le profit politique. Il ne faut donc pas faire l’impasse sur l’apport de la pensée révolutionnaire chez les anciens affranchis instruits dans la lutte pour la survie et la reconnaissance de l’;indépendance nationale, surtout après qu’ils auront pris le pouvoir aussitôt Dessalines assssiné par une faction d’entr’eux nommément désignes dans le document capital exprimant leurs doléances et objectifs « Resistance a l’Oppression » publié par eux aussitôt l’empereur physiquement éliminé. Il y a quelque ressemblance avec l’histoire d’autres pays d’Amérique Latine comme l’Equateur ou la Colombie et, d’une manière générale, avec l.’Amérique centrale et andine, avec les problématiques des relations entre souveraineté voulue ou non par les élites économiques et socioculturelles, de la forte participation populaire y compris indigène, des clivages socio-ethniques et contre-révolutions dans leur indépendance. (l’assassinat de Dessalines le fondateur en 1806 fait partie d’elles toutes et leur sert de précédent historique).
Et surtout, les masses en guerre avaient forge une pensée de changement radical que le général français Pamphile de Lacroix a qualifié de « volonté nationale » des masses haïtiennes et de la hiérarchie militaire des émancipes d’aout 1793 ayant gravi les échelons pour occuper les hautes positions de la société, de la propriété, de l’instruction et de la fortune. Ce sont les premiers, je veux dire les membres du monde instruit de la première génération de l’intelligentzia haïtienne.
Je me suis plu à lister les principales idées politiques de la Révolution haitienne d’indépendance exprimées dans les desiderata des uns et des autres, minorité ou majorité et j’en ai recense pas moins de neuf (9) ; ce sont les idées politiques constituant l’arsenal idéologique de l’indépendance nationale haïtienne.

la liberté individuelle comme statut de la personne
1) l’idéologie de la liberté personnelle, c’est à dire l ‘anti-esclavagisme dans l’évangile nouveau de la révolution noire ainsi définie essentiellement « abolitionniste ». C’est l’idée-force No 1 de la révolution haïtienne, et elle ne se confond pas avec le libéralisme politique en tant que refus du despotisme. Toussaint, Dessalines et Christophe étaient des abolitionnistes (liberté de la personne) et non des « libéraux » (adeptes du libéralisme politique).

l’égalité des races humaines 2) L’égalité des races humaines est le second article de foi de la révolution haïtienne devenu le premier après l’abolition de l’esclavage. C’est le thème sans doute le plus significatif du message révolutionnaire haïtien au XIXe siècle et il est à noter que le seul effort scientifique fait au 19e siècle pour répondre aux théories de l’infériorité raciale des noirs et spécifiquement à Gobineau, auteur d’un fameux traité sur ‘’ L’inégalité des races humaines’’, est dû à des plumes haïtiennes dont la plus célèbre alors, celle d’Anténor Firmin, auteur d’un livre-réplique’’ De L’égalité des races humaines’’. Elle est impressionnante, cette idéologie qui anime toute une société, élites et masses, qui veut défendre et représenter la cause de l’égalité des races humaines dans l’univers.

l’anticolonialisme 3) L’anticolonialisme lui est associé tout naturellement. La logique de l’anti-esclavagisme et de son corollaire l’antiracisme devait, en effet, déboucher, à St Domingue, sur sa conclusion naturelle : l’anticolonialisme. On a vu le cheminement de l’idée d’indépendance à St Domingue à partir de la révolution française de 1789. Mais à St Domingue, l’anticolonialisme prend un relief particulier, car ce n’est pas seulement la souveraineté métropolitaine qui est répudiée (in-dépendance), mais aussi le colon qui est chassé (dé-colonisation). C’est donc l’anticolonialisme le plus radical, une indépendance ‘’indigène’’ qui expulse à la fois les autorités métropolitaines (fait politique) et les colons originaires d’Europe (fait économique et social. Les éliminer, c’est parachever cette indépendance.

l’ethno-nationalisme 4) l’ethno-nationalisme lié au pouvoir noir. Les conditions particulières de la révolution haïtienne font vite se confondre les notions de race et de patrie. C’est le phénomène fondamental, à savoir que l’indépendance d’Haïti se fonde sur l’ethno-nationalisme qui ne sépare pas la conscience nationale et la conscience raciale, En tout cas, la révolution haïtienne, dans son radicalisme, ne devient pleinement intelligible que si l’on tient compte de sa dimension ethnoculturelle nationale : ici se trouvent les racines de l’économie politique de la race dans la naissance et l’évolution de la première « nation nouvelle 
. Un nouvel ‘’ homme haïtien est né avec la nouvelle ‘’ nation noire’’. Traduit dans le vocabulaire patriotique national, Haïti est aux yeux de l’histoire, la patrie du « nègre vertical ». Plus d’un siècle après la proclamation de l’indépendance, l’ethno-nationalisme continuait à marquer la psychologie collective politique haïtienne en maintenant majoritairement la conscience nationale et la conscience raciale solidairement inséparables.

un idéal d’auto-suffisance nationale ancré dans la conscience collective 5) « self-reliance », c’est à dire la recherche d’une autosuffisance de base au niveau national dans un idéal agrarien. Pour des raisons qui tiennent à la dynamique interne de la révolution et de trajectoire post-révolutionnaire sur sa lancée, aussi bien qu’à l’ostracisme international dont était victime le nouvel état, un idéal de ‘’national self-reliance’’, d’auto-suffisance nationale émergera, comme objectif délibéré aussi bien que comme nécessité imposée.
Cet idéal, en tant qu’expression la plus parfaite du nationalisme économique haïtien, trouvait ses meilleurs avocats chez ceux qui rendaient solidaires race et nation, en même temps qu’ils associaient l’indépendance politique et l’indépendance économique. Par exemple, un Vastey, en 1814, écrivait dans sa publication au titre significatif ‘’ Le système colonial dévoilé’’ : ‘’ Une nation doit être capable de suppléer elle même à tous ses besoins principaux. Si elle dépend pour sa subsistance de marchés étrangers, elle n’a plus dans ses mains le contrôle de son indépendance’’. La même position d’orientation, plus élaborée et plus systématique, est prise, 70 ans plus tard, par Louis Joseph Janvier, qui proclame que ‘’ compter sur ses propres forces est la plus grande de toutes les forces » même au prix d’un développement à un rythme de croissance plus lent.
Mais il y avait ceux qui voyaient la mainmise totale du marché Haïtien par l’étranger pour en exploiter les ressources au nom d’une idéologie d’ouverture du pays au capital étranger, aux investissements dans les terres agricoles et l’industrie comme solution et remède indispensable pour le pays, comme le soutenait l’économiste «  étranger » Fruneau en Haïti dans les années fin 1830s
Le compagnon et corollaire attendu de cette controverse est que d’un côté, on était convaincu que l’interdiction de la propriété terrienne aux étrangers était la clause de sûreté pour la sauvegarde de nos intérêts et « le boulevard de notre indépendance », tandis que, de l’autre, on préférait mettre l’accent sur le développement de l’industrie, handicapée par « l"absence de capitaux ». « Or que demande l"industrie ? Liberté et sûreté » Fruneau, qui allait se faire donner l’étiquette de « champion des étrangers », martelait à cet égard son leitmotiv : « Il faut des capitaux….Et qui peut les importer chez nous si ce ne sont pas les immigrants ?… Cessez de repousser les étrangers qui importent chez vous les lumières, les capitaux et l"industrie qui manquent à votre bonheur ».

Une véritable idéologie du commerce extérieur
En effet, pour couronner le tout, une Véritable “idéologie du commerce extérieur”, non seulement comme agent de développement économique, mais aussi comme facteur de paix et de civilisation, accompagnait l’adoption du modèle dépendant par l’oligarchie urbaine. En avril 1807, le sénateur Daumec argumentait que grâce au commerce et aux échanges commerciaux, «  des peuples féroces sont devenus doux et humains ». Dix ans plus tard, Milscent lui faisait écho sur un autre registre mais de la même chanson : « le commerce constitue la chaîne qui lie les peuples. Il adoucit les gros conflits entre les hommes et les invite à la réconciliation ».
Mais le courant principal de la pensée Haïtienne était le nationalisme économique qui voyait dans l’exclusion des étrangers de la propriété foncière en Haïti comme « le boulevard de notre indépendance » et faisait de cet interdit un article fondamental des constitutions haïtiennes de 1805 à l’occupation militaire nord-américaine de 1915.

Le sentiment d’américanité associé à la négritude
6) Le sentiment d’américanité associé à la négritude ou afro-américanisme.,. Dans sa majorité, la population de la colonie puis, dans son intégralité, la population du nouvel état constituent, à côté d’une branche acculturée francophone et francophile, une branche de la diaspora africaine, un transplant africain en Amérique, ce qui la distingue de l’ancienne mère-patrie européenne. Exprimé par Dessalines, dans les actes de proclamation de l’indépendance, le sentiment d’américanité s’exprime en termes de négritude par rapport à l’ancienne métropole française: ‘’Qu’avons nous de commun avec ce peuple bourreau ? Sa cruauté à notre patiente modération, sa couleur à la nôtre, l’étendue des mers qui nous séparent, notre climat vengeur nous disent assez qu’ils ne sont pas nos frères’’.

Le Panaméricanisme, création idéologique
7) Le panaméricanisme. L’indépendance d’Haïti née d’une telle révolution, ne pouvait se développer, ne pouvait s’épanouir que dans un monde nouveau. La révolution haïtienne va contribuer, de manière décisive, à créer ce monde nouveau, en donnant naissance, en doctrine et en pratique, au Panaméricanisme. Elan instinctif qui s’exprime d’abord en sentiment puis en idée, pour se convertir ensuite en conduite, le verbe du Panaméricanisme, dans la fécondité créatrice de la révolution haïtienne, va se faire chair, de Toussaint Louverture à Dessalines, et de Dessalines à Pétion. En effet, Haïti va accomplir son devoir internationaliste dans la lutte pour l’indépendance latino-américaine, faisant du panaméricanisme une création idéologique haïtienne, largement grâce au républicanisme de Pétion, solidaire et bienfaiteur du libertador Simon Bolivar, :

Le tiers-mondisme
8) Le tiers-mondisme. Une telle révolution ne pouvait que postuler un nouvel ordre international, sans avoir, il est vrai, les moyens de le réaliser intégralement. En tant qu’hérésie victorieuse, elle apportait un nouveau message, ouvrait un nouvel horizon avec son Evangile de l’émancipation des esclaves, de l’indépendance nationale, de la décolonisation et de la réforme agraire, pour prolonger l’indépendance politique en indépendance économique. La nouvelle nation haïtienne était pleinement et irrémédiablement consciente de la nécessité d’une solidarité internationale contre la domination et l’exploitation européennes, ce que nous appelons aujourd’hui la solidarité du Tiers Monde, et elle s’offrit à être un foyer et même une patrie pour les peuples d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie. Moins connu est le fait que, en ce qui concerne l’Afrique et l’Asie, la première Constitution Haïtienne, celle de Dessalines (1805) dans son esprit et celle de Pétion (1816) dans sa lettre, reconnaissaient la citoyenneté haïtienne immédiate à quiconque, d’origine africaine ou asiatique, viendrait s’établir en Haïti: Le concept de Tiers Monde avait émergé, avant la lettre, de leur praxis, forgé dans les hauts fourneaux de la révolution.

L’universalisme haïtien
9) L’universalisme. Cette escalade dans la recherche de solidarités nouvelles et plus amples devait amener la révolution haïtienne à déboucher sur l’universalismeDeux exemples illustrent cet universalisme du message révolutionnaire haïtien: a) L’admission sans problème des Polonais et des Allemands qui n’avaient pas opté pour le camp français, mais avaient sympathisé, pactisé et même combattu avec les Haïtiens au lieu de les combattre. et furent admis dans la grande famille haïtienne noire. b) L’élan collectif de solidarité matérielle, morale et politique des Haïtiens à l’égard des Grecs en lutte pour leur indépendance (1821-1827) jusqu’à la reconnaissance de l’état grec (1827-1830). des affinités chez le peuple haïtien pour le peuple grec, affinités qui s’exprimèrent en campagne de souscriptions, d’appui politique, de contribution financière et de recrutement de volontaires, en solidarité naturelle avec le nationalisme grec de cette époque.

VI.- Caudillos Libéraux et Nationaux en guerre sociale et en volonté de puissance politique pour la domination du pouvoir des deux élites de l’avoir et du savoir, l’une traditionnelle nantie bien assise et l’autre naissante de l’ascension des couches sociales nouvelles. Les deux tendances de deux élites instruites élargissant le combat intellectuel aux dimensions de la question sociale haitienne en un duel diviseur.
Le caudillisme a sa version caraïbéenne dans les dictatures militaires de droite du genre Anastasio Somoza et Rafael Leonidas Trujillo dans les décennies 1930-1960., En Haiti, les militaires au pouvoir depuis toujours, malgré leurs excès autoritaires, n’ont pas revêtu cet habit d’emprunt fascistoide et on trouve certains d’entr’eux engages en un duel pour la domination du pouvoir entre les deux élites de l’avoir et du savoir. Mais Libéraux er Nationaux, organises en deux partis rivaux, sont aussi en guerre sociale comme en volonté de puissance politique, et les deux partis ont a régler un compte de question sociale devenant aigue par les inégalités sociales a nu entre l’aile traditionnelle nantie bien assise et plutôt métissée, et l’autre aile, naissante, de l’ascension de couches sociales nouvelles. Plutôt noires (« les Pierrilus, les Querrilus et les Sansrillus » d’un Alcius Charmant plein de morque hautaine et la « racaille » de Léon Laroche). Libéraux et nationaux veulent moderniser Haiti mais le premier compte, pour le faire, sur l’étendue des relations sociales de Boyer Bazelais e des familles de la notabilité privilégiée des « gens de bien de la société » (Camille Bruno) et l’autre sur le peuple souffrant et revendicateur d’une série d’êtres frustres, « souffrants et endoloris ». Alors que le slogan du premier affichait « le pouvoir au plus capable », le second claironnait «  le plus grand bien au plus grand nombre ».Prendre et réussir la modernisation en trouvant qui devaient l’assurer (les capacités et les réserves sociales) et pour qui l’assurer, c’est à dire qui devaient en bénéficier en priorité, c'est-à-dire la majorité nationale.,
Rude bataille qui a entraine la guerre civile a l’initiative des Libéraux anglophiles qui ont déclenché l’insurrection bazelaisiste de 1883 qui a dure un an (« L’année terrible »), mais qui a été marquée par l’autoritarisme de fer d’un chef d’etat francophile, réalisateur ,mais impitoyable dans la défense de son régime décidé a « casser toutes les cornes ». « Je dis Malheur au Cap s’il sort d’ici un seul coup de fusil, avertissant que. Le châtiment qui s’abattra sur l’opposition sera inexpiable.
Ces conflits n’ont pas empêche l’existence au service du pays national tout entier c'est-à-dire et de la minorité et de la majorité, en désaccord sur la manière mais a l’unisson sur le fond en ce qui concernait la nécessite de la modernisation du pays. C’est l’époque de cette poussée de la modernisation correspondant a la période dite de l’impérialisme qui menaçait l’existence des petits pays et dont il fallait empêcher une absorption phagocyte, mais Salomon était inquiet. « Les petits pays avaient-ils un avenir ? ». Raison de plus pour se moderniser a coups d’efforts et d’initiatives en ouvrant le pays aux investissements étrangers sans laisser tomber la garde du nationalisme protecteur. Mais Haiti avait une génération de grandes figures intellectuelles tout-a-fait remarquables, de modernisateurs patriotiques de grande valeur [comme celle qui a vu agir ensemble, même en ordre disperse, un Lysius Félicité Salomon jeune, arrivé au pouvoir à un âge avancé, resté le « Contemporain Capital », présent dans tous les combats pour l’égalité sociale et raciale à partir de la Révolution de 1843, ministre des finances de Faustin Premier (Soulouque), tour a tour chef des légations diplomatiques d’Haiti a Londres, a Madrid et a Paris, le nom-phare de la modernisation autoritaire d’Haiti au XIXème siècle ; un François Saint Surin Manigat, onze ans d’études a Paris, bras droit du gouvernement de Salomon, ministre tout puissant de l’Intérieur, de l’Instruction Publique et de l’Agriculture (Paul Déléage) « l’homme politique le plus marquant » de l’époque ( J- C. Dorsainville), mort « Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire d’Haiti a Paris », et qui voulait mettre fin à l’ère des despotes ignorants (Frédéric Marcelin) ; un Calisthènes Fouchard, le grand argentier inamovible du gouvernement de Salomon, toujours candidat a la présidence a chaque retour d’exil ; un Antênor Firmin, ex-libéral de ses débuts politiques, devenu sans doute le plus grand démocrate social de sa génération et le plus grand cerveau de la modernisation haïtienne de son temps, son nom resté emblématique comme un des plus grands hommes de notre histoire ; un Louis-Joseph Janvier, bardé de diplômes universitaires y compris ceux de Médecine à Paris, de « Sciences Po » a Paris et de Droit a Lille, et le plus fougueux polémiste de notre histoire, l’un des rares à avoir publié un programme « national » (Janvier était Salomoniste), de gouvernement progressiste, voire socialisant, de combat anti-militariste pour un régime civil et civilisateur ; un Edmond Paul, fils de Jean Paul grand commis de l’Etat toute sa vie a l’école de Balthazar Inginac, chef en second du Parti Libéral aux côtés de Boyer Bazelais, , analyste perspicace des « Causes de nos malheurs » ; Hannibal Price, promoteur, dans un beau livre de grande élévation morale et patriotique, (Price était un des leaders du parti libéral), des idéaux de réhabilitation d’Haiti en légitime défense de la dignité égale de la race noire ; sans compter des animateurs de la Société Haitienne de Législation, comme un Stephen Preston, le plus grand nom de l’histoire diplomatique d’Haiti, un Docteur Léon Audain, chirurgien célèbre de notoriété internationale, diagnostiquant « Le Mal d’Haiti » dans un livre de sagesse souriante, un Windsor Bellegarde, sans conteste le premier promoteur, avec Madame Altagrâce Manigat Dubé, d’une pédagogie novatrice dans l’effort de REFONDATION d’Haiti a la fin du 19eme siècle et au début du 20eme inaugurant le premier congres de l’enseignement public comme organisateur émérite]
. Finalement, on peut dire que ce pays n’a jamais manque de modernisateurs remarquables, en permanence dévoues a sa reconstruction modernisatrice et a sa refondation par rapport aux malheurs de la mauvaise gouvernance, du « misdevelopment » et de la mauvaise volonté d’étrangers mauvais arbitres de nos affaires, c’est la conjonction unitaire interne ou endogène qui a manqué au souffle de la longue durée.

VII.- La francophilie nationaliste comme rempart contre l’avènement de l’hégémonie nord-américaine. De l’identité afro-latine a la crise féconde de la négritude comme crise de la conscience caraïbéenne. Le Dr Jean Price Mars, avec son livre « Ainsi parle l’Oncle », a créé le « marsisme » en dissonance souvent avec le « marxisme » a l’offensive a l’horizon intellectuel du monde d’alors, et qui paraissait devoir devenir l’avenir du monde, en sous-estimant paradoxalement une ethnicité pourtant mise en valeur en théorie chez les fondateurs du marxisme-léninisme..Actualité logique de l’idéologie a l’ère de l’impérialisme.
La question du destin de la langue française en Haiti a cesse depuis longtemps d’être avant tout une affaire de linguistique pour devenir un ornement esthétique, un avantage social concret, et même une supériorité pour qui peut s’en prévaloir. Le mot de Jean Fouchard lui a donne ses titres de noblesse nationaliste voire patriotique. Francophonie est devenu synonyme de francophilie voire de franco latrie. On s’en sert pour défendre le patrimoine culturel national contre l’anglais de l’américain porteur du danger de la désaliénation psychologique et moral, un facteur qui nous apprenait a nous deshaitianiser. Le français était un rempart culturel anti-américain. Mais il y a mieux : même les plus farouches nationalistes haitiens à toute épreuve – je ne parle pas de ceux qui considéraient la France comme leur patrie dont c’était une province culturelle, je parle non pas d’un Antênor Firmin patriote haitiano-français assimile, mais d’un parangon de nationalisme inaliénable dans sa pureté intransigeante comme Louis-Joseph Janvier, se définissait comme appartenant a une identité « afro-latine ». Les interprètes de la négritude la chantaient aux accents de « Sorbonne, voici ton fils ». Cette Habitante imprégnée, voire imbibée de francité ou de latinité a la française nous a donne une équation introuvable : habitante égale cocorico gaulois, avec une pointe anti-américaine a la De Gaulle. C’est qu’il ya une civilisation française, enseignée a la Sorbonne, et qui a fait des élites haïtiennes des français de gout, de sentiments, de l’art de vivre et d’affinités de la personnalité de base. Aux américains, les valeurs d’argent et de confort, mais au français, la qualité de la vie et le bien-être psychologique et moral. Refonder Haiti, c’est s’en souvenir ave délectation sinon nostalgie. La France, ce n’était pas seulement le passé, mais le présent vécu, le passé-présent. On est composite, voire hybride, ou de culture métisse. L’Haitianité marque des points avec l’attribution des prix littéraires français dont le terrain est conquis de haute lutte par les lauréats haïtiens qui brillent au firmament de la littérature franco-francaise.
Ce n’est pas pour autant aller a contre-courant Bostonien décentralise de plus en plus fréquenté. Il faut le dire avec l’américanisation à outrance d’après la seconde guerre mondiale. Mais l’université et le savoir de haut niveau intellectuel demeurent francophones et assurent la reproduction sociale du modèle au sens ou Bourdieu parle de « Distinction sociale » des corporations académiques et intellectuelles dont le réceptacle est la nomenclature d l’intelligentsia parisienne dont le reflet est direct sur Haiti. La refondation est pensée dans cette direction d’un maintien pas du tout anachronique. J’ai eu souvent à dire à des officiels français que le plus gros coup en faveur de la francophonie en Haiti était de scolariser la jeunesse haitienne en français. La France n’ira pas jusqu'à cette utopie de prétendre faire revivre le passé « noir comme hier soir ».Mais Paris est mieux indiqué que n’importe qui, y compris le Canada pourtant mieux outillé et plus agressif, comme foyer d’influence étrangère dans les affaires universitaires haïtiennes (bourses, missions d’enseignement, stages, intégration de programmes, agendas d’études doctorales, coopération financière et technique etc.
Alors, avec quels matériaux de la pensée faut-il reconstruire, les plus lucides disent déjà : refonder une Haiti mal en point, vacillant sur ses bases traditionnelles aux assises ébranlées de société traditionnelle en crise de dépérissement, impuissante a enrayer le déclin de la langue française sinon la culture française en Haiti comme arme de la modernisation mais fidèle au national-indigénisme ancestral.?

VIII.- .- Noirisme et marxisme, puis post-marxisme et post-noirisme dans la compétition pour la REFONDATION d’Haiti
D’autant plus qu’une problématique nouvelle a surgi entre temps : noirisme et/ou marxisme comme remède, puis aujourd’hui post-marxisme et/ou post-noirisme pour la refondation d’Haiti. Car le marxisme a dominé la pensée idéologique du peuple de la gauche intellectuelle en France et la mode s’en est mêlée chez nous avec les intellectuels haïtiens séduits par le Manifeste Communiste et le petit Pulitzer, la vulgate communiste en Haiti,.et toute cette riche littérature communiste dont une bonne partie de la jeunesse haïtienne se nourrissait l’esprit.. Combien d’amis se demandaient comment se fait-il que Manigat n’était pas marxiste ? Ne l’ayant jamais été, j’en étais proche assez souvent pour me dire « socialisant » et homme de la gauche progressiste, mais assez lointain pour être plus ami d’Henni Lefebvre que de Daniel Guérin. Je n’ai pas eu la foi de Jean Bruhat, mais beaucoup d’admiration pour Ernest Labrousse dont j’étais l’élève et l’admirateur. Le marxisme a épaissi ses couches sédimentaires dans l’esprit des générations montantes d’Haiti et l’héritage est encore là sous des cendres encore fumantes. De l’autre, bien qu’ayant mauvaise presse, les opérateurs intellectuels disciples de Duvalier étaient dans le réel vécu des masses en mettant l’accent sur leur appartenance identitaire à la couleur noire de ceux d’en bas. Piquion qui le savait plus que quiconque, n’a pas donne dans ce travers lui personnellement, mais, en orientant son regard sur « la negritude » dont il est devenu le herault, le heros culturel et le definisseur, il a accepte de laisser utiliser son nom et sa plume au service du duvalierisme dont l’eloignait pourtant sa desinvolture d’electron libre hors de toute orbite systemique contraignante.. Le fondement ideologique du duvalierisme francoisiste est la prise de position dure des noyaux efficaces de la pensee duvalierienne sur la race et la couleur noires. Des œillères intellectuelles obstruent notre vision que ce pays notre a oscille depuis Price Mars et Jacques Roumain, entre la négritude et le socialisme comme ses deux grands axes de pensée. Ce sont bien là pourtant les deux pôles que la pensée socio-politique haitienne a privilegies à travers l’histoire sociale des idees politiques  : le noirisme et le marxisme. Choc d’antagonismes apparemment irréconciliables comme des sensibilités « anti » en duel à mort, de 1934 a 1979, le noirisme .et le socialisme ont rate toutes les chances peut-être illusoires (?) d’un compromis de 1934 a 1952, c’est dire pendant la période estiméenne dans une polarisation suicidaire. Puis dans la conjoncture d’éveil artistique et culturel d’Haiti de 1940 a 1960, la rencontre noiriste et marxiste a donné des produits culturels qui ont été acclamés comme des chefs d’œuvres du « miracle haitien » en peinture, sculpture, artisanat artistique, en littérature de langue française ou créole. Marxisme et noirisme ont fait bon ménage dans ce qu’on a appelé une « négritude socialiste ».

IX,-.- Le temps de la tutelle étrangère et la REFONDATION modernisatrice du pays. Quo vadis Haiti ? Les temps presents ont vu coup sur coup l’aggravation de la decadence en un declin de plus en plus accentue, et la descente aux enfers par la « degringolade’ d’un pays entre en chute en chute libre jusqu'à l’intervention etrangere de sauvetage muee en tutelle. Certains compatriotes veulent encore feindre que la tutelle etrangere est un risque a conjurer, non, c’est deja une realite de fait accompi. On est en tutelle. Meme les ressorts de la gouvernance politique etaient deja entre les mains des tuteurs avant l’horrible catastrophe du 12 janvier 2010. Avec celle-ci, on se dispense d’avoir a compter avec le partenaire haitien defaillant et on aide a sa guise. Dans ces conditions, la reconstruction sera etrangere, que dis-je, est etrangere, avec le president Clinton en charge avec tous ses chapeaux onusien, officiel gouvernemental americain, obamaieen et personnel ex-presidentiel, et en plus la poignee des hommes d’affaires investisseurs potentiels pour la manne de l’aide engagee par l’ex-president qui est un homme d’affaires tout en jouant au bon Samaritain. La longue duree a toutes les chances d’etre la regle et le nom du jeu.. Se contenter de laisser faire est la tactique de l’autruche qui pour conjurer le danger enfouit sa tete dans le corps. On se reveille avec un pays deshaitianise au site de Quelle nouvelle Haiti nominale ou totalement alenee ? La thematique n’est pas nouvelle. Deja des « tetes chaudes » soutenaient, avec une Therese Hayter, que l’aide est de l’imperialisme. Mais des tetes froides ou moderees disaient avec Tibor Mende, qu’il y a un processus « de l’aide a la recolonisation », titre de son livre a succes des annees 1970s. quand j’etais Maitre de Conferences au departement d’Histoire a l’Universite de Paris 8 (Vincennes).

Et les ressources d’Haiti comme atouts mais objet de comvoitises ? l’or, l’irridium, l’argnt en reserves minieres en quantite, le petrole, les ressources agricoles exploitables de mniere moderne, la main-d’oeuvre haitienne, la position stategique de l’espace haitien sur les marches internationaux, le tourisme , le talent artistique et litteraire,et meme la petitesse de taille qui, d’un inconvenient, peut etre juge un avantage. Tout cela n’est pas rien, meme dans un monde de capitaux-hirondelles car la crise mondiale est en train de changer la donne. Le fabuleux developpement economique de la Republique Dominicaine voisine dont le president joue le role d’un mentor pour sa malheureuse voisine de paria est un cas d’espece dont la competitgion impensable peut etre dissuasif ou au contraire emulatif dans une cooperation des deux cotes de la frontiere commune source de problemes pour les immigrants haitiens chasses de chez eux par le trop plein demographique. La tutelle etrangere peut faire deriver les atouts du developpement haitien durable vers ointations interessees au detriment de notre interet national. Pas de tergiversations hypocrites, la tutelle est Haiticide. Elle détourne l’attention et l’interet du peuple vers les relations avec un etrangeur donn eur d’ordre qui a [pris enmains le gouvernance du pays en se referant seulement a la Minustah por justifier sa gestion de l’aire, quitte a faire reference a une commission dont on ne sait plus qui n’en fait [pas partie alors que tout le monde sait que le patron est le guverneur d’Haiti presentement est le presdent Clinton, invsti de toutes les autorites imaginables y compris celle des Natins-Unis > Il a tous leschapeaux et lasouverainete haitienne est entre ses mains. Le mamdat donne par les Nations-Unis pour gerer Hsioti par la Minustah est iol est illgsl parce que fonde sutr l’le chapitre 7 de la Charte qui n’autorise pas ce genre d’intervention pour le maintien de la paix. Les Nations-Unis le savent qui violent elle-emes les fondements de lur presence en Haiti. La Chine de Peking le leur rpelle a chasque occasiion, et on se rappelle encore que le Bresil, aujourd’huu interventionniste en Haiti comme grande puissance regiinale, s’y etait formellement oppose ! La Minusthest dispendiuse et budgetivore. Elle est apperleea avoir d’inevitables frictions avec la puipulatiion comme toute occupation rtrangere d’un pays et elle s’eternise sur le sol national sont ses porte-paroles se disent en Haiti pour dix ans. La Minjstah est Haiticide. Plus grave : La tutelle sur Haiti vise aussi a offrir un pays-cobaye pour les experimentations de strateges internatiionauix a la recherrche de terrain pour une application des dispositiions internatiinales pour les :pays faillis » auxquels on reserve un statut et une categorie speciale de pays incapables de se gouverner eux-memes, la nomenclature ayant deja ete retenue. La Minustah est Haiticide. Et l’ironerie est qu’un des cinquante pays createur des Nations-Unies en 1945, la fiere Haini pionniere de la decolonisation, en soient victimes au nom de cette recolonisation qui refuse de dire son nom. La Minjutah est Haiticide.


Une priorite dans l’urgence est le recouvremnt de ce qui doit rester de souverainete dans un pays comme le notre : necessite de faire partir la MINUSTAH , dont on a besoin dans l’immediat pour eviter le chaos d’une disparition non preparee. On sait que nous preconisons ouvertement et publiquement depuis belle lurette un degagement progressif au fur et a mesure de son remplacement par des forces armees nationales, c’est ce que nous appelons « le phasing out » qui doit se realiser par la negociation.


En effet, On sait que nous autres, nous demandons par principoe, le retrait de la curatelle paracoloniale sur Haiti en negociant avec l’ONU et les puissances concernees, un plan de desengagement graduel dde la presence de forces armees etrangeres, au fur eta mesure de leur substitution progressive par des forces armees nationales policieres, militaires et de defense natiionale adeaquastement preparees a cette fin.. C’est ce que nous avons appele « LE PHASING OUT ». Mille raisons pour remettre le pied dans le systeme en cours et rentrer dans un wagon en marche. Le guide en charge s’epuise en magouilles et manœuvres machiaveliaques pour mettre en place un homme ou une fmme a lui et meme jouer aux prolongations en sa faveur. Le monde international hostile a tout chambardement, le boude dit-on, mais se croit oblige de marcher sauf s’il est sur d’un remplacement docile, meme bien ficele. En ces heures cruciales de la reconstruction du pays j’ai vu les « hbiles » accumuler les IMPOSSIBILITES objectives sur le chmin-itinraire de l’agenda local : faire les elections annoncees pour le 29 novembre de cette annee et ne pas les faire devant les evidences contraires, refuser d’y aller avec l’actuel CEP qui les prepare avec ceux-la memes qui disent refusenr d’y participe, le serment d’un chef d’etat qui jure de ne pas rester au palais un jour apres le 7 fevrier tout en ayant orgnise sa prolongation par ce qu’n France on aurait appeler une loi scelerate. Mais nous sommes en Haiti. Les activistes souhaitnt que les manifestats en colere dans les rues fassent boule de neige pour deborder un president « arroseur arrose » qui voudraient ne pas rater sa sortie avec le spectre d’un Guillaume Sam car ses residences haitiennes ou etrangeres ont ete preparees.Le risque est evitable de ne pas pouvoir rester ni partir. Et s’il s’en allait plus tot, ce serait un coup d’ett sauf volontaire ou force. C’est a n perdre son latin. Quo vadis Haiti ? Un ingenieur specialiste de l’amenagn tdu territoire, se pose la question dans un ouvrage monumntal portant ce titre si souvent uilise dans le passe, au foer de noscrises necessitant une reconstruction natiionl, voire une refondation du pays. La solution n’est plus impossible d’un sursaut populaire avec l’intervention de noyaux politiciens habitues et prets a tirer les marrons du feu. Mais si une telle situation pouvait favoriser les forces positives des hommes et des fmme de bonne volonte au ras-le-bord excede en faveur du candidat ou la candidate le ou le miux place ? Le pays devrait alors de se reprendre en mains car tant va la cruche a l’eau quelle enfin elle se casse ! En est-il capable ? On sait de toute facon, il faudra aux Haitiens, vec l’aide erangere faire la somme de leur capital humain et materiel. On me [pardonnera une fois de plus a le dire en un creole viril «  fok nou gen brain-n, fok nou gen grain-n ! Inch Allah ! Ojala !