Lettre de Lucie Carmel
L’éléphant de Mme. Pierre-Louis
Lucie Carmel Paul-Austin repond Yves Roy
M. Roy,
Je ne vous crois pas mysogyne, par option, mais vous l'êtes de bonne foi. La preuve, vous continuez à comprendre que le féminin s'intègre dans l'universel masculin des titres que vous avez donnés en liste.
La lutte des femmes et celle de plusieurs autres groupes sociaux marginalisés ont depuis quelque temps imposé à nos législateurs et à nos grammairiens, comme à nos linguistes de prendre en compte d' une part,le nominalisme (pour sortir du genre masculin "neutre", par exemple et de l'universalisme réducteur, qui exclut femmes, enfants, handicappés, homosexuels, noirs, jaunes, j'en passe...), d'autre part, la féminisation des titres et professions, et enfin la valorisation des titres et qualités, indépendemment du genre.
J'en veux pour exemple, certaines professions ou corps de métiers pour lesquels le masculin paraît plus gratifiant qu'au féminin . Toute une liste existe; je voudrais en citer quelques-uns : Le chef/la cuisinière, un couturier /une grande couturière, le maître/la maitresse. Les connotations ne sont pas de charge égale. Dans certains cas, le titre professionnel masculin ne s'accommode pas de son homologue féminin; s'il existe, il peut signifier toute autre chose (un Ambassadeur, une Ambassadrice en est l'épouse). La tradition a tenu si longtemps les femmes en dehors des sphères de pouvoir et de décision, qu' un ambassadeur (mâle, toujours) se faisait accompagner de sa conjointe, qui ne saurait être titulaire d'un tel poste.
L'académie française encore rétive et réticente à l'endroit des néologismes correcteurs, se refuse à toute innovation; elle préfère garder la graphie inchangée, et la faire précéder d'un "ronflant": Madame le......... Heureuseusement, les mouvants sociaux revendicatifs essayent de bousculer de telles traditions et normes contraignantes dans nos sociétés; certaines barrières sont déjà tombées, des innovations opérées. La langue québécoise, à ce sujet, a beaucoup modifié l'environnment linguistique en faveur des femmes. Il y a tout un travail systématique en cours, pour féminiser tous les corps de métiers, trop longtemps demeurés la chasse gardée de la gente masculine.
Ce qu'il faut comprendre dans tout cela:
1- le caractère réducteur de l'universel masculin qui prétend intégré le féminin. CAr même si vous parlez des hommes en général[, des femmes en particulier] , ils ne se trouvent pas confondus avec l'humanité toute entière. Dans la catégorie "homme", il faut tenir compte de la classe, du statut social, de la couleur, de l'ethnie, etc... Le dilemme, c'est comment rester à l'intérieur des prescrits républicains universels où tout un chacun, chacune est égal/e devant la loi, sans discrimination et en même temps tenir compte des différences socio-historiques, culturelles, économiques qui maintiennent certains groupes dans la marge. La notion d'équité (de genre, dans le cas qui nous concerne) est la seule garantie de justice sociale, de lutte contre la discrimination et la marginalisation, pour un meilleur accès aux biens sociaux, donc une véritable intégration,. C'est là que se situe le combat que mènent les femmes depuis plus de 20 siècles. C'est la plus longue lutte de l'humanité. La lutte pour l'émination de toutes les formes de discriminations , notemment celle contre les violences exercées sur elles.
2- Les relations de pouvoir entre femme-homme ont toujours été manifestement assymétriques. Cette structure de pouvoir liée au rôle sexuel est tributaire d'un système basé, pardoxalement sur l'égalité et l'universalité devant la loi. Pendant longtemps, un tel système ne fut jamais mis en cause. Si donc les sexes sont égaux devant la loi, conséquemment, les rôles qui leur sont assignés (sexuels) devraient s'effacer. Comment comprendre que les traditions, les us et coutumes (de facto), et les discriminations dans nos systèmes juridico-légaux (de jure) persistent.
La question centrale étant: les contradictions inhérentes à la doctrine (universalité et égalité de droits) soulignent le caratère paradoxal de l'universalisme et de l'exclusion par omission. Exemple classique, historique: La déclaration de l'homme et du citoyen de 1789. D'un côté, les universalistes se cachent derrière la neutralité des termes "homme" et "citoyen" , alors que dans la foulée, la moitié du genre humain est interdite de ses droits (de vote, en particulier). "Le droit universel avait exclu un sexe" nous dit Hubertine Auclert en 1881.
Il a fallu donc, attirer l'attention de la société sur cette grave supercherie, en proclamant en 1791: " la déclaration de la femme et de la citoyenne" (O. de Gouges). Tout ceci pour dire que la question de la discrimination [de genre] revêt un caractère très insidueux. Nous ne nous rendons pas compte à quel point nous pêchons par ignorance toujours, par omission parfois, et souvent par action. La discrimination de genre est aussi subtile que celle liée à la couleur et/ou à la classe. Des mots tabous, nous sommes passés à des non-dits, voire à des plaidoiries contraires, pour justifier, compenser, diluer le débat. Et quand tout s'épuise, l'arme religieuse surgit, et vient remettre la femme à sa place, celle que son créateur lui a assignée, de toujours.
La panoplie de stéréotypes déployée dans notre vocabulaire nous donne la preuve de la subtilité, mais aussi de l'arrogance qui persiste dans notre langage quotidien, discriminatoire.. Nous sommes obligés de faire attention, avec le même soin que nous y mettons pour élever et éduquer nos enfants, en dehors de tout contexte raciste. Nous sommes contraints de consentir les mêmes effortsn en ce sens. Ce n'est pas chose aisée, habitué/e/s que nous sommes à un pays si fracturé: moun anwo, moun anba, moun andeyò, moun lavil, moun tèt grenn, moun cheve swa, cheve long, tèt gridap, moun wouj, moun nwa, moun rich, moun pòv, elatriye...
Tach la pa fasil! Kenbe fèm,
Lucie Carmel Paul-Austin
L’éléphant de Mme. Pierre-Louis
Par Yves Roy
L’éléphant de Madame Pierre-Louis est un éléphant en papier. Donnez-moi un patriote pacifique, un visionnaire, un administrateur, et un législateur, je vous donnerai une Haïti prospère ; Donnez-moi un « bon patriarche, » je vous donnerai un peuple harmonieux ; Donnez-moi un gouvernement responsable et sincère, je vous garantis la paix entre les élites et le peuple ; Toute nation a ses élites. La tache politique d’un bon gouvernement, serait de créer un lieu commun ou élites et peuple peuvent remplir leur rôle sans une trop grande friction, pour l’accroissance d’une nation.
L’éléphant de Mme. Pierre-Louis est un éléphant en papier..
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