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L'injustice ne puise sa force que dans l'obéissance de l'opprimé


L'injustice ne puise sa force que dans l'obéissance de l'opprimé

Par Max Dorismond This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.



Un pays qui n'est plus un pays, mais un «Coté». L'enfer, lui-même, offre peut-être de meilleures perspectives. Un tremblement de terre dévastateur. Le choléra appréhendé s'y est invité sans sommation. Des millions de personnes mal loties. Un autre million végète sous des tentes depuis bientôt 12 mois. La reconstruction demeure le cadet du souci des gouvernants. Le pouvoir à n'importe quel prix s'avère être leur unique credo. Le peuple passif et obéissant attend la venue du Messie. Un célèbre et coloré animateur de la Télé à Montréal, remarquant les images des Haïtiens sous les tentes, déclara tout ému et confus : «Si c'étaient des animaux qui se seraient parqués de cette façon, au Québec, suis sûr que les citoyens auraient appelé la SPCA». (Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux). C'est un cri du coeur à vous couper le sifflet. Entretemps, se sentant confortable avec la déchéance de leur environnement, les dirigeants rêvent de pérenniser leur passage au pouvoir, quitte à présider le pays par personne interposée, par des hommes de paille. Ils ont perdu le sens de la démesure.


Le peuple, à demi endormi, un peu étourdi par la conjoncture, décida de contrecarrer le rêve des coquins. En rang serré, au petit jour du 28 novembre, il a pris d'assaut les bureaux de vote, malgré les menaces des escadrons de la mort. Dans leur for intérieur, ces pacifiques enfants pensaient que l'heure avait sonné pour renverser l'ordre des choses, en montrant la porte à ce club de jouisseurs, de profiteurs et d'incompétents qui encombrent les avenues du pouvoir. Mais ces derniers ne l'entendaient pas de cette oreille. Ils manipulèrent instinctivement les bulletins de vote en pensant que les oiseaux allaient, comme d'habitude, se laisser plumer comme par enchantement. Ils se sont fourrés le doigt dans l'oeil. Le peuple a dit : Basta! Assez, c'est assez. Il en était temps.

Voyez-vous, l'injustice, habituellement, ne puise sa force que dans l'obéissance et le silence des agneaux. Le bourreau est tout puissant quand sa victime est à genoux, les yeux bandés et les mains liées. Mais quand cette dernière prend son envol et s'arme de son courage pour organiser la désobéissance de masse, l'injustice perd ses repaires et se trouvera confrontée à ses propres contradictions. Aux abois, elle se retrouve au bout de son rouleau. De fait, la justice reprendra indubitablement ses droits et occupera l'espace antérieurement spolié. La nature a horreur du vide. Par contre, votre lutte sera perpétuelle. Vous êtes condamné à tenir la flamme éternelle, car, ton frère de combat d'hier, quelque soit son niveau de discours, une fois l'aphrodisiaque du pouvoir abreuvé, perd le nord et deviendra démon à son tour.

Souvenez-vous de Rosa Parks, à Montgomery (Alabama), figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Ce p'tit bout de femme, à elle seule, avait mis à genoux un état de fait érigé en système. Ce qui lui vaut le surnom de mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain. C'est à partir de son exaspération que les noirs américains ont pu récupérer leur droit et mettre fin à ce racisme institutionnalisé dans le sud des États-Unis. C'est grâce aussi à la ténacité et au courage du pacifique Martin Luther King qui en avait pris le relais. Souvenez-vous de Nelson Mandela en Afrique du Sud, de Lech Walesa en Pologne sous les régimes les plus tortionnaires que le 20em siècle ait connus. Parfois, cela ne prend qu'une unique détermination pour renverser la vapeur. Pensez au «Seat in», l'arme de prédilection des noirs américains dans la désobéissance civile avant la marche de King sur Washington. Voilà une autre preuve de la force du silence.


Aujourd'hui, les choses ont changé. Responsabilisez vos dirigeants. Demandez-leur des comptes. Exigez la transparence. Passez au crible leur curriculum avant de leur remettre les clés de la cité. Soyez les maîtres de celui que vous aurez choisi pour prendre les destinés de votre nation et non l'inverse. Ils sont vos mandataires. Dans la réalité, vous êtes en définitive leurs vrais patrons.


Utilisez surtout la force de la persuasion. N'utilisez pas la violence. C'est une bête ingrate. Elle ne tue et ne déshonore que son maître. Vous avez la force du nombre, servez-vous en. A l'ère de l'internet, des téléphones cellulaires qui se métamorphosent en caméras instantanés, Face book, You tube, Tweeter, vous disposez de ces armes de communication qui font trembler les profiteurs, les exploiteurs, les voleurs, les voyous, les kidnappeurs. Ce sont des documents probants. L'image n'a ni langue, ni barrière, ni frontière. Le monde entier ne demande qu'à vous lire et à vous encourager dans la quête de vos droits. Les forbans n'aiment ni le bruit, ni la lumière. L'obscurité est leur royaume. Quand leurs forfaits sont imprimés instantanément en gros plan sur tous les écrans du monde. Ils chient dans leur froc et ne peuvent dormir du sommeil du juste, quoiqu'ils en disent. Pour le second tour de l'élection, n'hésitez pas à montrez vos couleurs à la moindre alerte. Soyez exigeants si vous voulez connaître des lendemains chantants.


Organisez-vous. Ne vous laisser pas entraîner dans la spirale de la violence physique. Elle ne mènera nulle part. Au contraire, elle milite à l'avantage de l'occupant. Le bras armé de l'oppresseur, le petit policier, les hommes de mains, sans foi ni loi sont aussi des bourreaux malgré eux. Ils en sont parfois conscients et feignent de l'ignorer. Leurs propres enfants vivent aussi dans la dèche. Ils ne défendent qu'une croûte sans espoir de lendemain. Leur passé est sombre, leur présent chaotique et leur futur incertain. Parfois, se sentant compressés, broyés entre le pilon et le manche, ils ne savent à quels saints se vouer. Faîtes-en vos alliés. Notre élite ne veut point dialoguer. Elle souffre du syndrome des rois et pense avec une outrecuidance folle que rien ne peut les contraindre. Référez-vous à ce texte : Et si un rasta se lançait à l'assaut de la présidence d'Haïti.docx pour comprendre leur mauvaise foi. Il revient à vous de parfaire leur éducation. Sans violence, le monde vous confortera. Dans le cas contraire, il s'abstiendra. Souvenez-vous en, imprimez-la sur ton front : l'injustice ne puise sa force que dans l'obéissance de l'opprimé.