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l’Ambassadeur de la Nouvelle Amérique en Haïti



par Gérard Bissainthe


 

J e salue avec infiniment de plaisir une simple phrase de la déclaration du nouvel Ambassadeur des Etats-Unis en Haïti: “Relations between Haiti and the United States should be based on three ideas: respect, Partnership and responsibility.”

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C’est la première fois que le mot “Partnership” (Partenariat) figure de manière aussi emphatique dans le discours d’un représentant officiel des Etats-Unis en Haïti, du moins à ma connaissance. Dans le contexte de ce que j’appelle “la nouvelle ère de la géopolitique américaine” inaugurée par les engagements clairs, incisifs (1) du Président Barack Hussein Obama à la Conférence de Port of Spain, ce mot “Partnership” acquiert une signification et une portée toutes particulières qui montre que la nouvelle administration américaine, pour parler la langue du Président Obama, “really means business”, à en juger par ses propres mots: “At times we sought to dictate our terms. But I pledge to you that we seek an equal Partnership.”

Mon analyse est que la présence et le comportement de l’ex-président américain, M. William Clinton, sur la scène haïtienne, où, par exemple, de manière significative et quasi symbolique, son arrivée dans une récente réunion de la Diaspora Haïtienne à Miami a littéralement provoqué l’éclipse du Premier Ministre d’Haïti sur le podium, témoigne certes des bonnes intentions mais en même temps de l’inadéquation, des contradictions et des effets néfastes de la géopolitique américaine de dominance qui a encore cours jusqu’ici et dont la nouvelle administration veut voir le crépuscule. Dans ce sens la déclaration de l’Ambassadeur Kenneth H. Merten annonce la couleur et il se présente comme l’Ambassadeur de l’aube nouvelle.

Je dois dire ce que je lis dans les trois idées qui, d’après l’Ambassadeur Kenneth H. Merten seront les bases des relations entre les Etats-Unis et Haïti.

  • Respect C’est le respect de la souveraineté nationale d’Haïti, selon le principe de la non-ingérence et du droit inaliénable des peuples à se diriger eux-mêmes.
  • Partnership C’est tout le programme d’un Partenariat ou d’une association dont les termes doivent maintenant être définis dans un nouveau contrat bilatéral, librement négocié et librement consenti entre deux partenaires discutant d’égal à égal autour de la table ronde de la concorde et des intérêts convergents, mutuellement profitables.
  • Responsibility La responsabilité c’est la fin de l’irresponsabilité des interventions directes dans la politique haïtienne en lieu et place de ce qui devrait exister, à savoir une responsabilité directe issue d’un mandat formel du peuple haïtien concerné. Car c’est cela l’essence de la démocratie.

Je sais qu’au début de tous les grands tournants, de tous les grands desseins il y a toujours loin de la coupe aux lèvres: “primum in intentione, ultimum in executione”. Mais la République Étoilée a souvent étonné le monde en atteignant en des temps records les objectifs qu’elle s’est fixés avec détermination. Qui aurait pu imaginer il y a seulement quelques années dans ses rêves les plus fous qu’en l’an 2008 les Etats-Unis auraient pu avoir un Président de couleur? Que l’Amérique passe de l’état de tuteur à l’état d’un partenaire en face d’autres partenaires conversant d’égal à égal autour d’une table ronde, peut paraitre aussi un rêve fou aujourd’hui. Mais peut-être la condition pour que les Etats-Unis gardent dans le monde une position phare est-elle qu’ils soient capables, chaque fois que la necessité se présente, d’un petit grain de folie.

Pour ma part, je NOUS dis à nous Haïtiens : “Sommes-nous prêts pour le Partenariat? Le Partenariat veut dire pour nous la voie rude de l’Indépendance pleinement assumée. La Partenariat c’est la disparition du fauteuil roulant et des béquilles d’une assistance étrangère omniprésente, démobilisatrice et débilitante. Le Partenariat ce sont les Haïtiens qui occupent exclusivement la scène politique d’Haïti pour y jouer leur propre drame qui de toutes façons sera toujours leur propre drame. Quitte à ce que, avant le spectacle, ils fassent leurs arrangements avec leur partenaires et conseillers étrangers. Le Partenariat c’est le retour à la détermination et à la fierté de l’ère du Roi Christophe. Sommes-nous prêts pour cela ? Since we have to be two to tango, puisque le Président Obama invite aussi Haïti à danser CE tango-là, alors prenons-le au mot: il faut le danser. Sur un pied d’égalité.”

La parole est donc maintenant d’abord aux Haïtiens qui ont foi en l’avenir de leur pays comme nation libre, souveraine et prospère. L’impératif catégorique est maintenant de trouver les moyens, les stratégies pour implémenter, dans la partie majeure de l’opération qui revient à la nation haïtienne, cette géopolitique audacieuse, révolutionnaire qui pourra changer la face du monde et dont le succès dépend d’abord de la force et de la cohésion des Haïtiens.

Quant à l’Ambassadeur Kenneth H. Merten, un destin providentiel l’a placé là où il est, à ce moment-clé où il faut tout revoir et tout refondre. S’il a la trempe et le panache des pionniers, s’il a le goût d’une certaine flamboyance à l’américaine qui a enfin honte de voir le nom et des structures des Etats-Unis associés à cette quintessence de misère et de chaos qu’est devenue aujourd’hui Haïti et s’il est prêt à s’engager dans ce que nous pouvons bien appeler la co-révolution haïtienne et américaine du Partenariat qui est devenue urgente et impérative aujourd’hui, il pourra laisser sa marque dans l’histoire.

Alors il faut lui dire: “Chiche, Monsieur l’Ambassadeur!”
Je pense qu’un Bourik Chagé aurait relevé ce genre de défi. What about you, Ambassador Kenneth H. Merten?

 

(1.-) Extract from President Obama speech on Partnership at the Fifth Summit of the Americas at Port of Spain, Trinidad April 19, 2009
“All of us must now renew the common stake that we have in one another. I know that promises of Partnership have gone unfulfilled in the past, and that trust has to be earned over time. While the United States has done much to promote peace and prosperity in the hemisphere, we have at times been disengaged, and at times we sought to dictate our terms. But I pledge to you that we seek an equal Partnership. (Applause.) There is no senior partner and junior partner in our relations; there is simply engagement based on mutual respect and common interests and shared values. So I'm here to launch a new chapter of engagement that will be sustained throughout my administration.” (Applause)