COMPAS DIRECT
COMPAS DIRECT / À l’heure des déceptions, divorces et perspectives !
Par Hudler Joseph
La musique dansante haïtienne, largement dominée par les groupes de compas direct, fait face à des moments extrêmement difficiles. Le constat est clair : il est de toute évidence que depuis plus de dix ans, la qualité est en baisse. Plus d’un s’interrogent sur l’avenir de la plupart des formations musicales haïtiennes de référence qui de jour en jour ne sont rien de plus que des caisses de résonance diffusant de la grivoiserie et s’opposant sans cesse dans des polémiques stériles et dans des guerres intestines.
read moreAlors que le reggæton, le calypso, le reggae, le zouk envahissent les bacs des maisons de disques les plus prestigieuses au monde, le compas direct traîne sous le poids d’une baisse de régime inquiétante. Les promoteurs haïtiens basés dans la diaspora et en Haïti, amplement préoccupés, se plaignent d’un manque de créativité donnant lieu à une industrie musicale en chute libre. Les musiciens les plus adulés, conscients de cette descente aux enfers, expriment leur opinion tout en avançant des arguments les plus répétitifs à la problématique de la musique dansante haïtienne.
Dadou Pasquet du Magnum Band et Jean Hérard Richard dit Richie du Zenglen s’accordent dans leurs interventions pour soulever les trois facteurs qui constituent, selon eux, de véritables obstacles à la promotion de la musique dansante haïtienne. Premièrement, aucune entité étatique ne prend en charge le destin de la production musicale en Haïti où ne sont point pris en compte la formation et l’encadrement des artistes. Deuxièmement, il n’existe aucune législation définissant les droits et devoirs des artistes et la protection de leurs œuvres. Dadou Pasquet interpelle le ministère de la Culture pour qu’il assume pleinement ses responsabilités afin d’orienter les artistes vers la productivité économique. À ce propos, ledit ministère semble se rendre compte de la galère dans laquelle s’enlisent les artistes haïtiens. Le ministre de la Culture et de la Communication, Olsen Jean Julien, dans le cadre de son « Programme d’appui au développement des entreprises culturelles » (Padec), a reconnu la nécessité d’établir une nouvelle relation entre la culture et l’économie. « L’art ne peut pas se développer en dehors d’un support économique structuré, inscrit dans un cadre normatif », a jugé le ministre. Une législation culturelle, comme le sollicitent certains musiciens, s’avère indispensable pour inciter les secteurs privé et public à s’engager dans la dynamique de développement culturel et économique. Les objectifs qu’il convient de fixer sont clairs : organiser et dynamiser le secteur culturel de l’économie à travers le développement de l’entreprise culturelle ; créer le cadre légal et institutionnel devant faciliter la structuration, l’accès au crédit, la mise en réseau et la production d’entreprises culturelles.
Ce débat a été déjà agité lors d’une rencontre internationale tenue à Bruxelles sous le thème : « Culture et création, facteurs de développement ». Alors le représentant d’Haïti à ce colloque, le ministre haïtien des Affaires étrangères, Alrich Nicolas, a fait part des défis et des opportunités qui existent au niveau culturel dans le pays. Dans ses échanges avec les dirigeants ACP et européens, il a été question de voir « dans quelle mesure la vitalité culturelle haïtienne peut servir d’instrument pour résoudre les problèmes économiques », avait fait remarquer Alrich Nicolas. Depuis cette rencontre aucune décision n’est communiquée à la presse en termes de suivi. Les documents sont restés lettres mortes. La problématique de la vie artistique et culturelle d’Haïti demeure de plus en plus préoccupante.
Moult musiciens s’interrogent sur le Bureau des droits d’auteurs en Haïti en termes de résultats. Le maestro du Magnum Band qui a été de passage la semaine dernière au pays, a souligné n’avoir aucun signe de l’existence d’une telle entité. Par ailleurs, les musiciens n’ont pas caché leur déception en constatant le mutisme du gouvernement face au phénomène boogleg qui détruit constamment leurs productions. Gazzman Pierre dit Gazzman Couleur et Arly Larivière, respectivement chanteur vedette et keyboardiste de Nu-Look se disent fatigués de se produire chaque week-end dans des Night-clubs ne pouvant accueillir qu’un nombre très limité de personnes pour une obole. Ainsi, la question infrastructurelle est le dernier facteur négatif pointé du doigt par Dadou et Richie. Ces musiciens exigent l’érection de grandes scènes de spectacle dans le pays. Un tel effort contribuerait à la matérialisation d’une politique touristique efficace dont le pays a grandement besoin.
En dépit de ces obstacles qui paraissent difficiles à surmonter, le secteur culturel reste les bras croisés. Les peintres, les musiciens, les danseurs, les promoteurs de spectacles, les producteurs, les acteurs, les cinéastes se perdent dans une attente inquiétante ! Aucun débat sérieux n’est lancé en vue d’une mobilisation pour une sortie heureuse ! Entre-temps, au sein des groupes musicaux haïtiens, les ruptures se succèdent à un rythme effréné.
Michaël Benjamin laisse tomber Krezi Mizik !
Les rumeurs faisant état de la démission de Michaël Benjamin de son groupe musical, Krezi Mizik, sont persistantes. Ces informations circulent à longueur de journée et de nuit dans les médias à Port-auPrince. Cependant, aucune note officielle émanant du « management staff » de Krezi n’est rendue publique pour couper court à ces rumeurs.
Krezi Mizik dispose de trois mois pour recruter un nouveau chanteur. Mika Benjamin qui est également l’un des propriétaires de Krezi Mizik, a donné un préavis jusqu’à septembre au « management staff » du groupe, d’après plusieurs animateurs des émissions de compas direct. Mika qui a confirmé sa démission n’a pas fourni trop de détails sur les raisons expliquant son divorce d’avec Krezi Mizik, selon un animateur qui assure avoir effectivement eu un entretien avec le chanteur. Mika a annoncé le lancement sous peu de son nouvel opus et aurait confié avoir besoin de beaucoup plus de temps à consacrer à la promotion de ce disque. Le chanteur qui vient tout juste de se procurer une voiture de luxe a démenti qu’il aurait décroché un contrat intéressant d’un promoteur international. D’autres informations font état de scène de jalousie mettant aux prises Michaël Benjamin et David Dupoux, le maestro de Krezi. Krezi Mizik qui a célébré récemment ses quatre ans d’existence, serait sur le point de perdre dans un laps de temps trois de ses membres fondateurs. Roosevelt Jean Noël (batteur) est parti en premier. Délice Mézifils (guitariste) a abandonné le groupe au profit de Djakout Mizik. Certaines informations font croire que Michaël Benjamin fera ses valises pour se produire en solo. Le chanteur serait d’accord pour participer au choix de son remplaçant bien avant son départ.
King Kino tourne le dos à Phantoms !
Pierre Raymond Divers dit King Kino annonce son divorce avec Phantoms qui a lancé récemment son dernier disque sur le marché. Le chanteur qui a répondu aux questions d’un média privé de la capitale n’a pas voulu fournir trop de détails sur ce dossier. King Kino a indiqué que son engagement avec le groupe musical arrive à terme, une fois honoré un dernier contrat à Montréal, samedi 27 juin 2009. L’idée de reformer son propre band « Move Move » qui avait essuyé un cuisant échec dans le circuit musical refait surface. King Kino s’inscrit en faux contre les allégations faisant croire qu’il entreprend des démarches visant à trouver des investisseurs pour relancer son « band ». Le chanteur dit disposer de suffisamment d’argent à injecter dans son projet. Cependant, Pierre Raymond Divers n’a pas caché ses véritables préoccupations consistant à créer des emplois en Haïti. C’est pour cette raison qu’il a été très actif, dit-il, au lancement prochain des activités d’une ligne aérienne en Haïti. L’ancien chanteur de Phantoms qui n’entend pas laisser tomber ses activités musicales, a fait savoir que son projet tient ferme d’ériger un buste en l’honneur du père du compas direct, Nemours JeanBaptiste. Kino dit poursuivre des démarches afin d’obtenir des sponsors. Au cas où les résultats ne seraient pas satisfaisants, sa fondation prendra en charge l’exécution du projet.
Perspective à explorer !
La musique dansante haïtienne, dominée par le compas direct, qui est actuellement dans la tourmente, peut bénéficier d’une bouffée d’oxygène dans d’autres rythmes musicaux qui prend de l’expansion sur le plan international. Ti-Coca et son groupe Wanga-Nègès (Troubadour pur) est annoncé dans des tournées en Europe. Gerda, un titre qui est gravé dans son disque baptisé « Haïti colibri » à paraître sous peu, est diffusé très souvent sur les ondes de la RFI. Après sa tournée à Paris pour cette fin de juin, le groupe musical animera un concert à Muffatwerk à Munich (Allemagne), le jeudi 2 juillet. Les 3 et 5 juillet, Ti-Coca et son groupe se produiront dans le cadre du festival TFF Rudolstadt, le plus grand événement de folk, roots et de world music organisé en Allemagne. Le 9 juillet, il participera au Festival de la Maison des cultures du monde (« Haus der Kulturen der Welt ») de Wasser à Berlin. Le 12 juillet, le groupe est invité au concert de clôture de la 7e édition du festival Musiques et Jardins, à Aubervilliers (en banlieue parisienne), tandis que le 16 du même mois, il participera au festival Les Suds à Arles (France).
Boukman Eksperyans, représentant de la musique racine moderne en Haïti qui a été relégué, depuis un laps de temps, au second plan, tend à se refaire une santé sur le plan international. Après avoir reçu les honneurs et mérite sur des podiums à l’étranger, Boukman Eksperyans a d’autres opportunités de présenter la musique racine à l’étranger. Le groupe doit se rendre à Montréal pour se produire le 25 juillet prochain. Il est prévu que Boukman Eksperyans participe le 24 juillet à la soirée plein air au Théâtre de Verdure du Parc Lafontaine. Enfin, Azor et d’autres artistes solos ont des rendez-vous intéressants à honorer à l’étranger.
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