Organization of American States
Cuba : pomme de discorde au sein de l’OEA
par Stefanie Schüler
Ce mardi s'ouvre à San Pedro Sula au Honduras l'assemblée annuelle de l'Organisation des Etats américains. Et une question devrait largement dominer cette rencontre des 34 ministres des Affaires étrangères : la réintégration de Cuba au sein de l'OEA, 47 ans après sa suspension. Mais tous les pays membres de l'organisation sont loin d'être d'accord sur la question.
L e scénario qui pourrait se dérouler lors de la rencontre des 34 ministres des Affaires étrangères au Honduras risque de ressembler sensiblement à celui du sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago, en avril dernier. La question cubaine était alors omniprésente et le nouveau président américain, Barack Obama avait fort à faire de calmer la ferveur unanime de ses voisins latino-américains qui exigeaient la levée de l’embargo américain contre l’île castriste ainsi que le retour de Cuba au sein de l’Organisation des Etats américains d’où le pays a été exclu en 1962, en raison de son « virage marxiste-léniniste ». Le sommet de Trinité-et-Tobago s’était d’ailleurs terminé sans consensus faute d’avoir trouvé un accord sur la question cubaine.
Cuba : Etats-Unis vs. Gauche radicale
Durant les réunions préparatoires pour la rencontre de l'OEA au Honduras, les mêmes divisions étaient toujours perceptibles. Trois pays ont déposé des projets de résolution : les Etats-Unis, le Honduras et le Nicaragua.
Certes, les trois déclarations demandent toutes une réintégration de Cuba au sein de l'OEA. En revanche, elles divergent fortement sur le chemin pour y parvenir. La proposition la plus radicale est celle du Nicaragua, soutenu notamment par le Venezuela et la Bolivie. Elle exige la révocation, immédiate et sans condition, de la résolution de 1962, en la qualifiant d’« erreur et d’acte d’injustice qui a causé une misère extrême à la population cubaine ».
De leur côté, les Etats-Unis ont riposté en formulant une contre-proposition. Celle-ci permettrait à l'OEA de discuter avec Cuba d'un éventuel retour, mais à condition que l'île communiste se mette d'abord en conformité avec la charte démocratique de l'organisation. Une proposition qui a directement été rejetée par la gauche radicale : « Ni l’OEA, et encore moins les Etats-Unis, peuvent dicter des conditions à Cuba pour retourner au sein de l’organisation », ont argumenté les opposants à la résolution américaine.
Le défi d’Hillary Clinton
Le défi auquel doit faire face la secrétaire d’Etat Hillary Clinton à San Pedro Sula n’est donc pas négligeable. Elle doit, en quelque sorte, réussir là où le président Obama a échoué : elle doit absolument arracher un compromis à ses homologues latino-américains tout en évitant de leur donner l’impression que Washington leur force la main. Car, en cas de non-consensus, la gauche radicale pourrait pousser sa résolution au vote. Elle devrait acquérir deux tiers des voix, soit 23 pays, pour être adoptée.
Il est pourtant peu probable que les Etats membres prennent réellement le risque d'isoler les Etats-Unis. Washington n’est pas seulement le plus important pilier au sein de l’OEA mais aussi son plus grand financier.